Les métros de Marseille ayant besoin d'une grande révision, il a été fait appel à des entreprises lointaines et pas toujours adaptées, d'où un véritable rallye de morceaux de trains qui se déroule entre Marseille, Albi et Milan.

En effet en 2009 la ligne1 du métro de Marseille se verra allongée de 2,5 km et dotée de quatre stations supplémentaires. Les trente-six trains seront alors insuffisants pour un trafic accru. De plus, ces trains datent de 1977 pour la sérieA et 1981 pour la sérieB et devront impérativement avoir bénéficié d'une grande révision d'ici 2009, c'est-à-dire d'une remise à neuf totale du train: intérieur, extérieur, bogies, moteur, etc. Or la capacité des ateliers en espace et en personnel, malgré l'embauche d'une quinzaine de nouveaux compagnons, ne permettrait pas de «tenir les temps».

Il a donc été prévu que les 15 trains de la sérieB soient révisés à Marseille et les 21 de la série A... ailleurs. La direction de la RTM a choisi après de longues tractations une entreprise spécialisée, la Safra, à Albi. 84voitures doivent donc partir en camion, à 500 km de Marseille, se faire refaire une beauté.

Mais voilà, la Safra ne s'occupant que des caisses, les bogies auront été, eux, déposés et envoyés en camion à... Milan, à 1000 km d'Albi, chez RSI, entreprise ferroviaire italienne. Ils devront ensuite être rapportés, en camion, à Albi pour y être remontés et regagner enfin Marseille... toujours en camion.

Oui, mais il se trouve maintenant que l'entreprise RSI n'est pas capable de reconditionner l'une des pièces des bogies, le «pont» qui relie les roues. Il était donc prévu qu'elle dépose ces «ponts» des bogies et les envoie dans une autre entreprise. Mais voilà maintenant que cette autre entreprise s'avère incapable de faire le travail, faute d'outillage spécialisé...

Aux dernières nouvelles, un train terminé est bloqué à Albi, faute de bogies. Huit bogies sont revenus d'Italie à Marseille sans avoir été refaits, mais quand même tellement bien nettoyés au karcher qu'il est très difficile de les démonter car la visserie est rouillée. Ce sont finalement huit bogies neufs, refaits à Marseille, qui sont partis en catastrophe à Albi, afin de faire revenir le train, encore sur camion.

Dans les ateliers de la RTM, nous restons plutôt philosophes car les 15embauches nous ont fait du bien. Mais, comme disait un travailleur italien de RSI, venu quelques jours aux ateliers de Marseille, c'est «bricolissimo». On nous le dit et le redit, l'entreprise privée peut faire des merveilles... de désorganisation?