Professeurs en grève,le 18 décembre14/12/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/12/une2002.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Professeurs en grève,le 18 décembre

Les enseignants des collèges et des lycées sont appelés à faire grève lundi 18 décembre contre un projet de décret que le ministère a l'intention de faire passer en décembre, pour le faire appliquer dès la prochaine rentrée scolaire.

Ce décret vise à flexibiliser davantage les services des professeurs, en termes de matières enseignées, de lieux d'enseignement, d'horaires et, au bout du compte, de salaire. Il prévoit une prime pour les nouveaux enseignants qui accepteraient de dispenser leurs cours dans deux, voire trois matières, quelle que soit leur spécialité au départ. Ceux-ci pourraient être amenés à enseigner sur plusieurs établissements, parfois dans des communes différentes. Les horaires affectés à chaque discipline ayant fondu d'un ministre à l'autre, ainsi que les aménagements permettant de travailler en groupes plus réduits, où l'enseignant peut suivre de plus près les travaux des élèves, le ministre se sent en situation d'avancer dans son projet de fond: rogner partout où cela lui semble possible, pour parvenir à la suppression des 8700 postes d'enseignants, annoncée dans le budget 2007.

D'un côté, le ministre de Robien, s'appuyant sur les conclusions «innovantes» de pédagogues à son service, s'érige en défenseur de l'enseignement de la grammaire ou de la lecture -qui n'ont jamais cessé d'être enseignées par des centaines de milliers d'instituteurs ou de professeurs, résistant tant bien que mal, parfois, aux vents contraires des prétendues réformes. De l'autre, il furète, grappille, gratte de toute part, supprimant des heures et des facilités de fonctionnement qui permettent aux enseignants de répondre d'un peu plus près aux difficultés des adolescents et à leurs besoins variés.

Le projet de décret, pour ne donner qu'un exemple, s'attaque -sans le dire- aux heures de chorale ou d'UNSS (Union nationale du sport scolaire), les heures hors temps scolaire encadrées par les professeurs de sport, qui permettent aux jeunes de pratiquer régulièrement un sport, même s'ils n'ont pas les moyens de s'inscrire dans un club privé.

Évidemment, lorsque le ministre s'attaque aux conditions de travail des enseignants, pour aboutir aux suppressions d'emplois programmées, il s'attaque en même temps à la qualité de l'enseignement. Et les jeunes les plus pénalisés seront ceux qui sont le plus en difficulté, les enfants des milieux pauvres, entre autres ceux que le système actuel d'enseignement tente de rattraper dans le cadre de dispositifs baptisés Segpa, Erea, classes relais, classes d'accueil, etc., moins bien lotis si de Robien arrive à ses fins.

Une journée d'action avait déjà été organisée par les syndicats un mois après la rentrée. Cette fois, le directeur des personnels de l'Éducation nationale ironise sur l'avenir du décret, qui dépendrait des responsables syndicaux et de leur «capacité à mettre les personnels dans la rue». Les enseignants ont de multiples motifs de lui montrer qu'il a tort d'ironiser.

Partager