Pascal Sevran, animateur télé qui s'est fait une réputation de spécialiste de la vieille chanson française, vient de faire scandale en affirmant dans une interview qu'il fallait «stériliser la moitié de la planète», dans la continuité de ce qu'il écrivait dans un livre paru il y a un an, où on peut lire, à propos du Niger: «Le taux de fécondité des femmes est le plus élevé du monde... La bite des Noirs est responsable de la famine en Afrique!»Et d'ajouter: «Faire des enfants, le seul crime contre l'humanité impuni.»

Beaucoup se sont dits choqués par de telles affirmations. Mais pas toujours sans hypocrisie, car la thèse sous-jacente dans ce type de propos est largement colportée, qui prétend que la pauvreté, en Afrique ou ailleurs, serait due au surpeuplement. On retrouve ce genre d'idées jusque dans les positions de certains écologistes.

Or l'exemple de l'Afrique montre exactement l'inverse. Ce continent est proportionnellement l'un des moins peuplés de la planète. Ses ressources, aussi bien minières qu'agricoles, pourraient y faire vivre une population beaucoup plus nombreuse. C'est le pillage colonial qui a détruit les possibilités de développement et maintient aujourd'hui ce continent dans un état de sous-développement dramatique. Tout ce qui pourrait permettre le développement de l'Afrique est sous la coupe des grandes puissances occidentales, qui rapatrient les moindres richesses produites dans ce continent. La population doit se contenter des miettes, ou d'une production marginale effectuée avec des techniques rudimentaires. Et la situation devient encore plus dramatique quand des guerres, fomentées parfois directement par des pays comme la France, ajoutent à la pauvreté et à la dépopulation. Le sous-développement n'est pas lié à la surnatalité, mais à l'organisation sociale.

Pascal Sevran ne fantasme pas seulement sur le sexe des Africains. Il délire sur les causes de la misère qui sévit dans les pays pauvres.