Les délégués CGT, élus à plus de 80% au comité d'entreprise de Manaranche, société de peinture de 59 salariés, ont fait appel au mois de septembre dernier à un expert-comptable afin de vérifier la comptabilité de l'entreprise. En effet leurs revendications salariales se heurtaient toujours aux arguments du patron, l'ancien comptable de la société devenu actionnaire principal, «sur la mauvaise santé de l'entreprise» et «les crédits qu'il fallait rembourser».

Réunis quasiment en totalité lors d'une réunion d'information avec l'expert-comptable, les travailleurs ont découvert que la société se portait très bien! Les délégués ont alors présenté au patron leurs revendications, dont une augmentation de salaire, une prime exceptionnelle, l'augmentation du montant des tickets restaurant; ainsi que le paiement des heures supplémentaires pour le personnel des bureaux et les tickets restaurant pour eux; et une augmentation du budget des oeuvres sociales du CE. Toutes revendications ne mettant absolument pas en péril l'avenir de l'entreprise.

La réponse de la direction n'en fut pas moins le mépris pour le personnel. Face à l'entêtement du patron à vouloir maintenir des salaires très bas, 47 travailleurs de Manaranche se mirent donc en grève lundi 5 décembre. Une tente, des drapeaux rouges de la CGT furent installés à l'entrée de l'entreprise.

Dès la première journée, tous savaient que le patron ne lâcherait pas facilement, mais la détermination était là. Le café, le casse-croûte aidant, les salariés avaient inclus dans leurs revendications le paiement des jours de grève.

Le mercredi après-midi, le patron, l'expert-comptable et les délégués se réunirent pour discuter sérieusement des revendications. Les propositions du patron furent d'abord inacceptables, il demandait même un vote à bulletin secret, refusé par l'ensemble des grévistes. Mais finalement le PDG dut accepter une augmentation de salaire de 3% en octobre et 3% en janvier 2007, une prime exceptionnelle de 2000 euros avant Noël et 400 euros pour les apprentis et les CDD arrivés cette année.

De plus, les tickets restaurant passent à 9,50 euros. Le patron prend en charge 80% de la mutuelle et son augmentation annuelle. Le budget des oeuvres sociales passe de 0,4 à 1% de la masse salariale. Un plan d'intéressement aux bénéfices de l'entreprise pour l'ensemble des salariés est mis en place. Enfin le patron a dû payer deux jours de grève sur les trois.

Jeudi 7 décembre, après un vote à main levée, le travail a repris et le protocole d'accord a été signé.

C'est la victoire d'une lutte collective et solidaire.