Renault – Douai : Flexibilité maximum07/12/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/12/une2001.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault – Douai : Flexibilité maximum

La semaine du 27 novembre au 1er décembre, l'usine Renault de Douai qui fabrique la Mégane et le Scénic, est restée fermée, faute des pare-chocs habituellement fournis par Cadence Innovation, en grève. Mais la direction compte sur la flexibilité pour faire retomber sur le personnel les conséquences de cette fermeture.

Selon une méthode devenue coutumière, nous sommes invités à téléphoner à un numéro vert pour savoir si on travaille ou non le lendemain. Après parfois une heure d'attente, nous avons une réponse. Pour certains ateliers ou certaines équipes, c'est oui. Pour d'autres, c'est non. En ce moment, c'est plutôt non pour tout le monde, sauf, comme le dit le message, «pour ceux d'entre vous qui ont été contactés directement par leur chef».

La direction a imposé ce système «à la carte», en se servant des accords de flexibilité signés par tous les syndicats de l'usine, sauf la CGT. Le temps de travail étant étalé sur plusieurs années, nous «gagnons» des journées mises sur un compte personnel quand nous sommes en «semaines hautes» (jusqu'à 43heures certaines semaines) et nous «devons» des jours quand l'usine est fermée. Ces derniers temps, le déficit en journées s'accumule. Bon nombre n'ont plus de journées d'avance, et certains embauchés des deux dernières années «doivent» même plusieurs dizaines de jours à la direction.

Les motifs de journées non travaillées (déjà plus de 45 jours en 2006) ont été variés: manque de pièces par défaillance des fournisseurs, grève ou problèmes techniques, problèmes sur la route qui rompent la chaîne du fameux «flux tendu», «baisse des ventes», etc.

Or, si les ventes de Mégane et de Scénic baissent en France après des années records, les ventes du groupe Renault-Nissan au niveau mondial baissent beaucoup moins. Et surtout les profits continuent d'augmenter: 3,4 milliards d'euros l'année dernière, encore plus que les années précédentes. Alors il serait possible d'organiser une baisse de la production en allégeant la charge de travail et les horaires, en diminuant les cadences. Ce serait bon pour notre santé et cela coûterait moins de 1% des profits annuels.

Mais Renault n'en veut pas! Selon la direction, 1200 véhicules en moyenne sont vendus par jour ouvrable. Mais quand nous travaillons, la cadence est toujours de 1640 véhicules-jour. Et cette cadence est épuisante car les intérimaires ont presque tous été renvoyés. Renault-Douai ne compte plus que 5600 travailleurs dans les ateliers, au lieu de 6400 il y a un an, pour la même production. La direction veut maintenir un rythme élevé pour préparer l'avenir, quand elle nous demandera en 2008 de sortir les nouveaux modèles. Et le reste du temps, c'est congés forcés, qu'on ne peut ni choisir ni organiser.

Puisque les circonstances lui paraissent favorables, la direction envisage maintenant de restaurer les banques individuelles de journées. L'argument, c'est que toutes ces journées «dues à la direction» ne pourront pas toutes être travaillées, à moins de prendre sur les congés. C'est déjà fait pour la cinquième semaine des congés 2007, que la direction a placée début janvier, privant ainsi tout le monde du choix de ses congés.

Les dernières discussions entre la direction et les syndicats signataires de l'accord n'annoncent rien de bon non plus: des horaires rallongés seraient envisagés pour les journées et les semaines travaillées, et aussi de ne plus payer certaines primes, pour les transformer en journées mises dans la banque individuelle des jours à prendre ou à rendre.

La direction devrait faire attention car lorsqu'on tire trop sur un élastique, il finit par casser.

Partager