Le programme économique de Sarkozy : «Bourgeois, enrichissez-vous!» et sus aux travailleurs07/12/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/12/une2001.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le programme économique de Sarkozy : «Bourgeois, enrichissez-vous!» et sus aux travailleurs

Sa déclaration de candidature enfin faite, Sarkozy a tenu, sans délai, à faire assaut de séduction en direction des patrons et autres bourgeois, en faisant surenchère de nouveaux cadeaux financiers et en leur promettant rien moins que de les «libérer» des contraintes du code du travail. Ce faisant, il a multiplié les invectives, voire les propos insultants, envers les travailleurs qui revendiquent, les chômeurs, les pensionnés, leur promettant une série de remises en cause de leurs droits et de leurs prestations sociales.

Pour les travailleurs, que ce soit lors de sa prestation de trois heures sur France2, le 30novembre, ou encore le lendemain face à ses amis patrons de l'hôtellerie-restauration, il a annoncé sa façon de voir. Oui, Sarkozy en a assez d'un «État au service...de ceux qui se plaignent et qui ne travaillent pas». Il entend «poser des conditions à la France qui se plaint beaucoup et qui n'a pas toujours des raisons de se plaindre» et, ajoute-t-il, «on n'a pas le droit de prendre en otages des gens dans les conflits sociaux». Du coup, une de ses premières mesures sera de remettre en cause le droit de grève et d'imposer «un service minimum dans les transports en commun». Mais il a aussi proposé «que chaque fois qu'une entreprise, une université ou une administration a un conflit, qu'il y a une grève, que l'on organise dans les huit jours, un vote à bulletin secret pour être assuré que cette grève est l'expression d'une majorité»; ce qui veut dire que si ces conditions n'étaient pas réunies la grève serait considérée comme illégale et, comme la loi le prévoit aujourd'hui, pourrait être assimilée à une faute lourde, avec licenciement sans aucun droit.

Par ailleurs, Sarkozy propose de remettre en cause le contrat de travail actuel. Il s'agirait de «sortir du débat CDD-CDI» avec «un contrat de travail unique qui permettra une simplification du droit du travail et offrira d'avantage de souplesse aux entreprises, en s'inspirant de ce qui fait aujourd'hui le succès du CNE». En clair c'est le CNE, ou ex-CPE, pour tous, avec le droit de licencier au moins pendant deux ans à tout moment et sans motif!

Avec Sarkozy, on en finira aussi avec ce qu'il appelle «la culture de l'assistanat», celui des pauvres évidemment, pas celui des riches. Eux se verront offrir, en plus des mesures déjà annoncées dans le programme de l'UMP, une nouveauté: «Un bouclier fiscal limité à 50% des revenus». Plus fort que Villepin qui vient juste de limiter à 60% de leurs revenus le montant total des impôts payés par les plus riches, Sarkozy leur garantit la fin «des contrôles et des sanctions», en limitant à «une mission de conseil» les services du fisc, de l'Urssaf ou de l'Inspection du travail. Et enfin, il prévoit «le doublement» des aides à la recherche en faveur des entreprises.

Pour financer tous ces cadeaux, Sarkorzy annonce une cascade de mesures: le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux en départ à la retraite, ce qui ferait 20000 suppression d'emplois par an; la fin du financement des cinq milliards d'euros des préretraites pour les salariés licenciés par leurs patrons et «servent, dit-il, à acheter le silence des salariés... en leur payant des indemnités pendant tant d'années».

Et pour répondre à la question où trouver l'argent pour ces dizaines de milliards de cadeaux aux classes riches, Sarkozy a dit: «Je trouve que 8 millions de personnes qui touchent la prime pour l'emploi...C'est trop, ça n'a pas de sens».

Oui, Sarkozy annonce la couleur: il entend mener la guerre aux travailleurs au nom de «ceux qui ont travaillé et qui n'ont pas à s'excuser de ne pas avoir été au chômage, de ne pas avoir demandé le RMI et d'avoir construit beaucoup de richesses»... avec l'argent, la sueur, le sang et la peau des autres, aurait-il dû ajouter.

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