Ségolène Royal et les enseignants : Augmenter le travail à défaut d'embaucher17/11/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/11/une1998.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Ségolène Royal et les enseignants : Augmenter le travail à défaut d'embaucher

Imposer que les enseignants soient présents 35 heures par semaine dans leurs établissements, voilà l'idée que Ségolène Royal défendait, il y a quelques mois, dans une réunion interne du Parti Socialiste.

Cette idée, «révolutionnaire» selon elle, la championne de la transparence ne tenait toutefois «pas encore à la crier sur les toits» pour «ne pas prendre des coups des organisations syndicales»! Une vidéo de cette réunion, diffusée sur internet ces jours derniers, a mis le problème sur la place publique. L'intéressée s'est insurgée contre le procédé, peu loyal selon elle, utilisé par ses concurrents. Mais il est révélateur des moeurs de ces partis dits de gouvernement, qui pratiquent l'art du croc en jambe et de la peau de banane avec dextérité. Ségolène n'a cependant pas démenti ses propos «piratés».

Les enseignants ne les ont guère appréciés. D'autant que Ségolène Royal ne peut ignorer que leur travail ne se réduit pas à leurs heures de cours devant les élèves. Il s'y ajoute des heures de préparation de ces cours, le temps consacré aux corrections des devoirs, aux contacts avec les parents. D'année en année, de ministre en ministre, on leur demande, comme aux autres salariés, toujours davantage. Et Ségolène Royal voudrait qu'ils en fassent plus, soient présents dans des locaux déjà insuffisants. Mais est-ce pour améliorer l'encadrement des élèves? Non, pour cela il suffirait d'embaucher du personnel. Son objectif est, à l'inverse, d'utiliser les effectifs actuels pour ne pas créer de postes supplémentaires. Du même coup elle entonne le refrain de tous ces démagogues qui considèrent que les enseignants, et plus généralement les fonctionnaires, auraient la part belle! C'est ce qu'elle appelle être à l'écoute du peuple!

Mais Ségolène Royal s'inscrit dans une continuité. Elle fut en effet, de 1997 à 2000, l'adjointe du ministre socialiste de l'Éducation d'alors, Claude Allègre, lorsque celui-ci voulait selon son expression «dégraisser le mammouth», affirmant par là qu'il y avait trop de personnel dans l'Éducation nationale.

Faire travailler plus les enseignants pour réduire le service public, réclamer le secret sur ses projets futurs jusqu'à l'élection, on ne peut dire qu'une telle attitude soit originale. La «favorite des sondages», qu'on présente comme voulant introduire des pratiques et des idées neuves en politique, utilise les vieilles recettes politiciennes qui préparent des plats ni nouveaux, ni digestes!

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