Rapport de l'ONU sur l'eau : La soif de rentabilité17/11/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/11/une1998.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Rapport de l'ONU sur l'eau : La soif de rentabilité

Dans un rapport qui vient de paraître, le Programme des Nations unies pour le développement fait une nouvelle fois le constat que plus d'un milliard d'êtres humains n'ont pas accès à l'eau potable. 2,6 milliards sont privés d'installations d'assainissement satisfaisantes et 34000 personnes meurent chaque jour à cause du manque d'eau potable. Et une nouvelle fois les Nations unies demandent que les gouvernements reconnaissent le droit pour tout être humain de disposer d'au moins 20 litres d'eau potable par jour, gratuits pour les plus pauvres.

Ce genre de voeu, même répété, n'engage à rien. En 2000, les Nations unies, en adoptant les objectifs du Millénaire, fixaient comme tâche de réduire de moitié, d'ici à 2015, la proportion de personnes privées d'eau potable et d'assainissement. Six ans plus tard, elle fait le constat que cet objectif ne sera pas atteint. Et pour cause: ceux qui ont en main le robinet qui ouvrirait l'accès à l'eau potable, ce sont les actionnaires des grandes sociétés.

En France, trois d'entre elles ont fait d'immenses profits avec l'argent des contribuables et des usagers, grâce à de multiples appuis politiques, acquis par copinage et pots-de-vin. Elles ont pour nom Suez-Lyonnaise des Eaux, la Générale des Eaux-Veolia et la Saur. Elles mettent à profit leur situation de quasi-monopole pour exercer un véritable racket sur la population, qui n'a pas, de fait, son mot à dire pour obtenir une eau au goût quelquefois douteux.

Avec l'argent qu'elles ont accumulé, ces sociétés ont pu étendre leur mainmise à d'autres pays. Ainsi en 1993 le groupe Suez-Lyonnaise des Eaux s'était approprié Aguas Argentinas, la compagnie des eaux et égouts de Buenos Aires, en Argentine, ce qui lui avait permis de réaliser des profits deux à trois fois plus élevés qu'en Europe. Quand une crise de l'économie argentine en 2001 avait touché Suez, celui-ci s'était maintenu en rognant sur les investissements. Dès que la situation économique s'était améliorée, cette compagnie avait exigé que ses tarifs soient revus à la hausse. La protestation populaire ayant empêché ce nouveau vol, Suez-Lyonnaise des Eaux s'était purement et simplement retiré en septembre 2005 d'Aguas Argentinas.

On peut multiplier les constats sur les déficits d'eau potable, mais il faut commencer par dénoncer ceux qui font de l'eau une marchandise, dont un petit nombre de compagnies des pays riches se partagent les marchés qu'elles jugent intéressants, pour y investir seulement quand il y a des consommateurs en mesure de payer et de payer de plus en plus cher.

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