Le diocèse du Var et le Téléthon : Les intégristes contre les malades et la recherche17/11/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/11/une1998.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le diocèse du Var et le Téléthon : Les intégristes contre les malades et la recherche

Il faut avoir le cerveau dérangé pour interdire à des parents qui risquent d'avoir un enfant lourdement handicapé, voire voué à la mort en bas âge, de recourir à la médecine pour s'assurer que l'enfant qu'ils veulent faire naître ne sera pas dans ce cas-là. Eh bien, il existe de tels gens parmi les responsables catholiques, comme vient de le démontrer la sortie du responsable du «comité diocésain d'éthique» du Var.

Celui-ci vient en effet de dénoncer l'Association française contre les myopathies (AFM), qui organise le Téléthon, pour avoir promu la technique dite du diagnostic pré-implantatoire (DPI), légale depuis 1999 et pratiquée chaque année chez des dizaines de couples.

Ce DPI est un test que réalisent les médecins chez des embryons de deux jours quand des parents risquent de transmettre une maladie génétique très grave: mucoviscidose, myopathie de Duchenne ou chorée de Huntington. Une fécondation in vitro (FIV), en laboratoire, permet d'obtenir 4 à 10 embryons, dont l'analyse génétique par DPI permet d'écarter ceux qui portent la mutation. Puis on implante dans l'utérus de la future mère deux ou trois embryons non atteints, pas plus, pour éviter les quintuplés ou sextuplés.

La solidarité des petites gens, que symbolise chaque année le succès du Téléthon, a permis, en contribuant fortement à l'installation des centres de DPI, la naissance de centaines de «bébéthons», des enfants nés indemnes de ces maladies épouvantables. Et voir naître un garçon dont on est sûr qu'il n'aura pas la terrible myopathie de Duchenne, dans une famille où vit déjà en fauteuil roulant un garçon atteint, et dont la maman a déjà subi un ou deux avortements simplement parce qu'elle portait un foetus mâle (les filles n'étant pas atteintes de la même façon, c'était jusqu'au DPI le seul moyen d'éviter la transmission de la maladie), voilà un acquis de la médecine qui réjouit tous les gens ayant un peu de coeur, et de sens.

Seulement, voilà: en pratiquant le DPI, on cherche à éliminer les embryons malades, ce qui, pour certains, revient à s'opposer à la volonté divine. Et peu leur importe que leur dieu force un enfant à une courte vie en fauteuil roulant, ou à trois heures de kiné respiratoire par jour et des nuits sous respirateur artificiel, et impose à ses parents des années d'angoisse et de désespoir!

D'où la haine des catholiques traditionalistes, qui appellent au boycott du Téléthon. Ils veulent le frapper au porte-monnaie car, si l'État et la Sécurité sociale paient aujourd'hui les activités des trois centres de DPI (à Strasbourg, Montpellier et Clamart), sans le Téléthon et les campagnes menées par les familles de malades autour de l'AFM, la mise en route de ces centres aurait subi d'importants retards, voire aurait été impossible, faute de personnel et des moyens matériels indispensables.

Cette campagne des extrémistes de l'Église catholique, auxquels les dernières vaticaneries réactionnaires de Benoît XVI font pousser des ailes, est une preuve supplémentaire de l'inhumanité de ces apôtres qui voudraient forcer à respecter leur dogme, au mépris total de la vie et des sentiments des gens. Ils se sont payé un coup de publicité en s'appuyant sur ce qui était le plus médiatique, le Téléthon, et tant pis si les trois millions de malades atteints de pathologies génétiques dans le pays en souffrent!

Partager