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États-Unis — Après le succès électoral des Démocrates
Ne comptons pas sur les Démocrates, retrait d'Irak immédiatement!
Nous publions ci-dessous l'éditorial du 13 novembre du bimensuel trotskiste américain The Spark après les résultats des élections du 7 novembre.
Les élections ont constitué une défaite cinglante pour Bush et pour les Républicains qui régnaient sans partage sur le Congrès depuis douze ans. Les Démocrates ont remporté 24 des 33 sièges qui étaient en jeu cette année au Sénat, en récoltant 7 millions de voix de plus que les Républicains. Dans la Chambre des représentants, les Démocrates ont pris 28 sièges aux Républicains et n'en ont cédé aucun.
La même vague a déferlé dans les États, les Démocrates ayant conservé tous leurs gouverneurs et en ayant gagné six de plus sur les Républicains. Ils ont gagné 275 nouveaux sièges dans les Assemblées législatives des États et n'en ont perdu que 21. Le résultat est que les Démocrates ont le contrôle entier de 23 États alors que les Républicains n'en contrôlent que dix. Dans les sept États restants, les deux partis s'équilibrent.
Certes, les électeurs ont été poussés à voter contre les Républicains pour d'autres raisons que la guerre en Irak: la situation économique et de l'emploi désastreuse, la dégradation du système de soins et des retraites. Mais par-dessus tout contre la guerre en Irak. Ces élections ont donné aux Démocrates un mandat pour opérer un tournant à 180 degrés en Irak.
Qu'ont donc déclaré les Démocrates depuis les élections? Un tout petit nombre continuent à affirmer que la politique américaine en Irak doit tenir en deux mots: «Retrait d'Irak». Mais la plupart se sont empressés de se positionner autrement, tel le député du Michigan, John Dingell, le doyen de la Chambre des représentants. Questionné sur la guerre, il a répondu: «Nous voulons mener cette lamentable guerre à une conclusion satisfaisante, mais je ne connais personne qui veut un retrait dès maintenant. Je pense que le président doit maintenant proposer un nouveau plan qui puisse rallier le pays.»
En d'autres termes, les Démocrates attendent de Bush qu'il fasse quelque chose à propos de cette guerre.
Et il s'agit du même Bush qui a manifesté très clairement qu'il n'avait aucune intention de mettre fin à la guerre et que les troupes resteraient en Irak tout le temps qu'il serait président. Le même Bush qui a menti à chaque étape de la guerre.
Lorsque Bush a annoncé la démission de Rumsfeld, il a révélé par inadvertance que les États-Unis avaient maintenant 151000 militaires en Irak. C'est environ 10000 de plus que ce que les généraux avaient admis jusque-là.
Il n'est pas question de partir d'Irak, il est question d'intensifier la guerre. Depuis juillet, les États-Unis ont littéralement mis Bagdad en état de siège, et en particulier l'immense bidonville de Sadr City dans lequel vivent 2,5 millions de personnes. Les forces américaines interdisent l'accès des quartiers avec des barbelés et des blocs de béton et ont installé des points de passage gardés, comme Israël l'a fait dans les Territoires occupés. Les troupes américaines ont ensuite pénétré dans chaque logement pour arrêter tous ceux qu'ils trouvaient suspects, c'est-à-dire tous les hommes entre 15 et 65 ans. Et les États-Unis ont récemment bombardé certains quartiers populaires, y compris à Bagdad.
Les villes de la province d'Anbar, la plus grande province du pays, sont devenues des champs de bataille où pratiquement rien ne reste debout. Un grande partie de la population de cette province a déjà fui, se joignant à ce flux humain qui quitte l'Irak au rythme de 100000 personnes par mois.
Avec l'intensification de la guerre, il y a une augmentation des morts américains. Octobre a été le mois le plus sanglant depuis un an pour les troupes américaines, et le mois de novembre pourrait être aussi sanglant, voire pire.
Il n'y a aucun répit en vue: voilà le «nouveau plan» de Bush. Les propositions du gouvernement d'augmenter encore cette année le budget pour la guerre en sont une preuve. Les généraux demandent une rallonge énorme de 160 milliards de dollars, en plus des 94 milliards que le Congrès a déjà approuvés pour cette année.
Les États-Unis ne se préparent pas à quitter l'Irak. Ils se préparent à tuer encore plus d'Irakiens et à détruire encore davantage le pays... avec la bénédiction des Démocrates.
Les élections ont donné aux Démocrates le pouvoir et l'autorité d'y mettre fin. Ils pourraient ordonner à Bush de changer immédiatement de politique en Irak et exiger qu'il retire immédiatement toutes les troupes. Et si Bush refusait, les Démocrates ont largement les moyens de lancer une procédure de destitution contre lui et contre le vice-président, Dick Cheney.
Est-ce là ce que les Démocrates proposent? Pas du tout! Ils font tout le contraire: ils se donnent du mal pour expliquer que la destitution «n'est pas envisagée».
Si l'on compte sur les Démocrates pour mettre fin à cette guerre abominable, on attendra deux années de plus, au cours desquelles les cadavres s'entasseront pendant que les Démocrates essaieront de nous faire miroiter les élections de 2008.
L'Irak ne peut pas attendre. Les troupes américaines non plus. Aucun d'entre nous ne le peut.
Les USA hors d'Irak, tout de suite! Voilà quel devrait être notre mot d'ordre.