États généraux de la condition pénitentiaire : Un constat accablant17/11/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/11/une1998.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

États généraux de la condition pénitentiaire : Un constat accablant

Les états généraux de la condition pénitentiaire se sont clos le 14novembre. Ils ont remis à la Une de l'actualité la situation catastrophique des prisons françaises. Un questionnaire, réalisé à l'initiative d'associations comme l'Observatoire international des prisons, a recueilli les remarques de familles de détenus, d'avocats, d'éducateurs (mais seulement d'1% des surveillants) et surtout les réponses massives du quart des détenus.

La prison pour ceux qui la vivent, c'est d'abord l'absence totale de respect de la personne humaine. Les 57612 détenus -dont un tiers n'est pas encore jugé!- sont entassés dans des établissements où la surpopulation atteint en moyenne 111% mais qui peut monter jusqu'à 150% et même 200% dans huit maisons d'arrêt. Tous souffrent du confinement permanent, souvent à trois dans 9m², sans hygiène, sans douche ni toilettes isolées, sans intimité possible.

Un détenu, libéré après dix-huit mois de détention provisoire et interviewé par un journaliste du Parisien, dénonce les viols dont tout le monde est au courant, «y compris les surveillants, mais on ferme les yeux», les trafics en tout genre (drogue, alcool.), les affrontements de clans: «ethnie contre ethnie, quartier contre quartier», et conclut: «la prison est un asile rempli de psychopathes».Ce que confirme, en partie, une étude de deux psychiatres qui témoignent qu'on compte «sept fois plus de schizophrènes et de paranoïaques chez les détenus que dans la population en général».

Il est en effet bien difficile, pour ceux qui sont entrés en prison sains d'esprit, de conserver leur équilibre dans une atmosphère permanente de violence ouverte ou larvée, en faisant au mieux un travail sous-payé et en n'ayant que quelques contacts au parloir avec ses proches. Quant aux autres, la prison ne les améliore évidemment pas!

Les associations à l'origine de ces états généraux réclament le respect des détenus, des cellules individuelles, des visites plus fréquentes, de vrais soins médicaux et une réelle préparation à la sortie et à la réinsertion. Elles demandent aux candidats à la présidentielle de s'engager sur ces propositions.

Les prisons ne redressent pas, elles brisent est un vieux slogan malheureusement toujours d'actualité. Et cela ne risque pas de s'arranger avec la situation de crise économique et la politique du «tout sécuritaire». Les vider de tous ceux qui n'ont pas de raison d'y être, en transformer le cadre et l'atmosphère, cela demandera beaucoup plus que des promesses et des discours de circonstance.

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