Bush battu, l'impérialisme US pas encore!17/11/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/11/une1998.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Bush battu, l'impérialisme US pas encore!

Le succès électoral des Démocrates aux élections législatives américaines de mi-mandat -à la chambre des représentants avec une large majorité mais également au Sénat- est un désaveu de la politique incarnée par George W. Bush. La population s'est saisie de ces élections où prime d'ordinaire la personnalité locale des candidats pour protester contre la guerre en Irak, protester aussi contre l'aggravation de son niveau de vie. Les différents scandales de moeurs et de corruption qui ont touché les Républicains ont fait le reste en sapant leur base électorale chez les chrétiens conservateurs. Bush n'a pas minimisé la défaite en parlant de «raclée pour son parti». Et d'annoncer une «nouvelle perspective», qui pour l'heure se traduit par la «démission» de Donald Rumsfeld, secrétaire américain à la Défense (tenu pour principal responsable de la torture pratiquée par l'armée US), et la main tendue aux Démocrates.

Le ras-le-bol des licenciements et des bas salaires

Si les Démocrates ne sont pas prêts à léser les intérêts des capitalistes américains, ils ont utilisé dans leur campagne des formules faisant écho au mécontentement populaire. Dénoncé les «PDG surpayés», «les profits excessifs des groupes pétroliers», «l'explosion des prix des médicaments»... Ils se sont engagés à revaloriser le salaire minimum fédéral qui en neuf ans, a perdu près de 20% de son pouvoir d'achat (mais il faut préciser que ce salaire plancher concerne moins de 5% des salariés américains); engagés aussi à un encadrement du prix des médicaments... dont un expert estimait, serein, que «les aboiements seront plus forts que les morsures». Et pour ce qui est des licenciements (200000 emplois industriels perdus dans l'Ohio depuis 2001, par exemple), les Démocrates se contentent d'une démagogie à relents chauvins contre les délocalisations et pour la défense des «salariés américains». Bref, ce n'est pas la nouvelle majorité démocrate au congrès qui épargnera à la population, couches moyennes comprises, de payer la politique guerrière de l'impérialisme américain qui se solde par des restrictions, la stagnation du pouvoir d'achat, la hausse des dépenses médicales et des dépenses scolaires.

Le ras-le-bolde la guerre en Irak

La première raison du revers électoral des Républicains n'en reste pas moins l'enlisement de l'armée en Irak, avec déjà 2800 morts parmi les soldats américains. Préoccupation majeure pour les nombreuses familles qui voient revenir les cercueils. Mais casse-tête aussi pour la classe dirigeante américaine qui ne sait plus comment sortir du chaos sanglant qu'elle a engendré. Il y a peu, Bush reconnaissait publiquement l'ampleur du désastre militaire, en comparant la situation à celle de la guerre du Vietnam. Cela fait déjà quelques mois que les dirigeants de l'impérialisme américain discutent d'une nécessaire réorientation. La victoire électorale des Démocrates est une occasion pour la mettre en oeuvre.

Première victime expiatoire, donc, de la politique passée du clan Bush: le très ultra Rumsfeld, déjà isolé aussi bien dans la hiérarchie militaire que dans les services de renseignement. Sa démission laisse la place à Robert Gates, ancien conseiller à la Sécurité nationale à l'époque de la première guerre du Golfe, ancien directeur de la CIA qui avait cosigné un rapport prônant «une nouvelle approche» de l'Iran. Les remaniements de personnes semblent surtout l'occasion pour les Démocrates d'accepter de se prêter au jeu de la cohabitation proposée par l'administration républicaine pour assumer ensemble la politique internationale des États-Unis. C'est-à-dire le maniement du gros bâton, toujours et encore. Mais qui ne se solderait pas par l'échec sanglant de l'Irak (probablement 500000 morts parmi les civils, victimes des bombardements américains quotidiens ainsi que des règlements de comptes entre clans politico-religieux irakiens).

La cohabitation,pour leur pire des mondes?

À ce jour, les Démocrates sont prêts à collaborer, à montrer qu'ils sont des chefs responsables de la politique américaine (les coups de pied de l'âne et éventuelles procédures d'«impeachment» pour destituer des personnalités républicaines seront pour plus tard -il y a encore du temps d'ici les prochaines élections). La collaboration ne date pas des élections. En mars dernier déjà, une Commission Baker comprenant dix personnalités, républicaines et démocrates confondues, avait été nommée pour «mettre à plat la stratégie américaine». Déjà, il était dans l'air, non pas d'arrêter la guerre ou d'entamer immédiatement le retrait des troupes, mais de s'orienter vers de nouveaux moyens de contrôle de la région (et des intérêts pétroliers américains) qui impliqueraient un terrain d'alliance avec l'Iran, la Syrie, et bien sûr Israël. Gageons que c'est pour discuter de l'affaire que Ehoud Olmert a été convié à Washington. Gageons aussi que c'est pour confirmer le sens du vent, que le socialiste Tony Blair vient de tenir des propos publics en faveur d'une «stratégie globale» au Moyen Orient, précisément d'un deal à nouer, sous conditions certes, avec l'Iran et la Syrie.

C'est loin encore d'être fait. À terme, une nouvelle paix des cimetières? Mais rien d'autre tant que les travailleurs et les peuples du monde ne sauront pas s'allier contre les visées impérialistes.

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