Belgique : Condamnation d'un militant turc17/11/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/11/une1998.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique : Condamnation d'un militant turc

La cour d'appel de Gand a condamné Bahar Kimyongür, de nationalité belge, à cinq ans de prison ferme pour appartenance au DHKP-C turc, en application de la loi «antiterroriste» belge. Le DHKP-C est une organisation stalinienne qui combat le régime turc. Nous n'en partageons ni la politique ni les méthodes, mais la condamnation de ce militant pour avoir défendu des opinions n'en est pas moins révoltante.

Bahar Kimyongür a traduit des textes du DHKP-C, dénoncé publiquement le traitement des prisonniers politiques en Turquie, y compris en dérangeant une séance du Parlement européen, et prêté ses papiers d'identité à des militants du DHKP-C probablement recherchés. Il le revendique, mais même le procureur n'a pu lui reprocher l'usage d'une autre arme qu'un stylo ou un micro.

En février, Bahar avait déjà été condamné à quatre ans de prison lors du procès en première instance à Bruges et laissé en liberté en attente du procès en appel. Un mandat d'arrêt international lancé par la Turquie à son encontre ne lui avait pas été signifié, mais la police néerlandaise en avait, elle, été informée, ainsi que de son déplacement aux Pays-Bas pour écouter un concert. La Belgique ne pouvant pas, constitutionnellement, extrader ses ressortissants, le gouvernement espérait que la justice néerlandaise s'en chargerait.

Le scandale de cette dénonciation orchestrée par le ministre de la Justice socialiste Onkelinx, en concertation avec le procureur à charge du procès en appel, avait alors éclaté. La justice néerlandaise a finalement relâché Bahar début juillet, après 34 jours de détention, ne voyant dans ses actes qu'un exercice normal de la liberté d'opinion.

C'est pourtant pour ces mêmes actes que la justice belge l'a condamné à cinq ans de prison ferme mardi 7 novembre.

Les reproches formulés à l'encontre de la Turquie par les États membres de l'Union européenne, notamment en matière de droits de l'homme et de liberté d'expression, n'empêchent visiblement pas le gouvernement belge de rendre de petits services au gouvernement turc, y compris au mépris des droits démocratiques qu'il est censé garantir.

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