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États-Unis – Succès des Démocrates aux élections de mi-mandat : Bush désavoué
Mercredi 8 novembre, tous les résultats parvenus indiquaient que les Démocrates avaient remporté les élections américaines de mi-mandat, largement à la Chambre des représentants et peut-être même au Sénat. C'est donc une gifle des électeurs à l'administration Bush.
Les élections américaines, qui interviennent traditionnellement à la moitié du mandat présidentiel, sont l'occasion de renouveler la totalité des membres de la Chambre des représentants (l'équivalent des députés), le tiers des sénateurs, et deux tiers des gouverneurs. Après six années de présidence dont quatre années de guerre, en Afghanistan puis en Irak, plus que d'habitude elles ont pris un caractère de consultation politique nationale, pour ou contre la politique de Bush.
Le camp républicain a bien mobilisé ses équipes militantes, dépensé des centaines de millions de dollars pour diffuser à la télévision des clips dénigrant ses adversaires. Bush s'est déplacé dans les États qui lui étaient jusqu'alors acquis et qui menaçaient de changer de camp, mais rien n'y a fait. Les sondages indiquaient que l'opinion publique américaine se prononce désormais à 60% contre la guerre et souhaite que les soldats américains rentrent à la maison. Le vote l'a confirmé. Et l'annonce, deux jours avant le scrutin, du verdict de mort du procès de Saddam Hussein n'a pas suffi à convaincre de l'utilité de l'occupation américaine en Irak.
Pour battre Bush et les Républicains, les électeurs ont donc voté pour les Démocrates. En ayant la majorité à la Chambre des représentants, et peut-être aussi au Sénat, les Démocrates pourraient donc peser sur la politique du président, déclencher par exemple des procédures et des enquêtes qui lui rendraient la vie difficile. Mais, en fait, même si l'on met de côté le fait que chez les Démocrates comme chez les Républicains il y a des francs-tireurs qui défendent des positions parfois opposées à leur camp, ce serait oublier que dans leurs grandes lignes, sur bien des sujets importants, les positions des Démocrates ne sont pas si différentes de celles de l'administration Bush. Non seulement les Démocrates ont nettement appuyé l'aventure guerrière de Bush, mais sur le calendrier de retrait des troupes américaines plus ou moins agité devant les électeurs, le flou artistique domine. De même, ils ont appuyé le «Patriot Act» et la plupart des mesures, durcissant la législation sous prétexte de lutte contre le terrorisme, prises par l'État américain, y compris vis-à-vis des citoyens américains. Ils ont de même appuyé la proposition de rallonger le mur qui sépare le Mexique du sud des États-Unis.
Sur le plan social, les Démocrates ont voté toutes les mesures de restriction budgétaire qui, au nom de l'effort de guerre, sabraient dans les budgets sociaux, l'éducation ou les services publics. Et, autant que les Républicains, ils sont responsables du déficit budgétaire, puisqu'ils l'ont creusé ensemble en votant les baisses d'impôts offertes aux plus fortunés.
Les Démocrates vont donc surtout se servir des deux années à venir pour préparer la prochaine élection présidentielle. Tandis qu'Hillary Clinton était réélue haut la main à son poste de sénatrice, de nouveaux politiciens démocrates se sont fait connaître et chercheront à pousser leur avantage pour les prochaines primaires démocrates.
Ces élections auront confirmé l'opposition de l'opinion américaine à la guerre. Mais il en faudra sans doute plus pour que cela change beaucoup la politique des dirigeants des États-Unis. La population américaine n'a pas fini de sentir les conséquences du bourbier irakien où ses dirigeants l'ont entraînée ni celles d'une économie où l'argent est roi.