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Leur société
Airbus : Les menaces sur l’emploi se précisent
Un journal allemand a publié des extraits de Forum la revue interne d'EADS qui détaille le plan d'économies envisagées par les dirigeants du trust aéronautique. Sous un titre qui se veut consensuel «Nous devons tous nous serrer les coudes», l'article montre surtout que c'est aux salariés qu'on demande de se «serrer... la ceinture».
Derrière la volonté affichée de «rationaliser» pour «acheter mieux» ou «réduire les coûts indirects», il est surtout question de menaces directes sur l'emploi. Depuis la fin août déjà, toutes les embauches sont gelées. Quant aux contrats d'intérim et CDD, ils ne sont pas renouvelés. Plusieurs milliers d'intérimaires sont concernés en Allemagne, en France. À Toulouse où ils sont près de 500, ils sont licenciés au fur et à mesure qu'ils arrivent en fin de mission. Aux sièges d'EADS à Paris et à Munich, une réduction de 10% du personnel est prévue d'ici la fin de l'année prochaine: cela représenterait une soixantaine de personnes.
Mais c'est surtout au niveau de la sous-traitance et des fournisseurs qu'EADS veut aujourd'hui faire des économies. Pour les sous-traitants travaillant en direct avec Airbus, l'idée serait de faire passer le nombre de fournisseurs directs de 3000 à une fourchette de 500 à 1000. Un membre de la direction s'est voulu rassurant en précisant que les 2000 à 2500 sous-traitants ainsi «écartés» pourraient devenir des sous-traitants de sous-traitants. Les dirigeants de Airbus qui demandent régulièrement aux sous-traitants de réduire les coûts leur conseillent maintenant de s'associer, et même d'envisager de délocaliser leurs activités dans des pays «à bas coûts».
Ce serait donc à ces «super sous-traitants» de gérer leur propre sous-traitance, Airbus et EADS se contentant d'avoir un nombre réduit d'interlocuteurs directs à qui ils transmettront des conditions toujours revues à la baisse.
Les exploiteurs petits et grands qui sauront s'adapter le feront sur le dos de leurs salariés. Car au bout de la chaîne il y a des travailleurs à qui on demandera d'assumer les conséquences, avec des conditions de travail démentes et des salaires minables.
Tout cela n'est évidemment pas «rassurant», ni pour les 60000 salariés qui travaillent actuellement pour le secteur aéronautique en Midi-Pyrénées, ni pour tous ceux qui font de même ailleurs en France ou en Allemagne, en Angleterre et en Espagne.
Ces mesures envisagées sont autant de coups contre les travailleurs, simplement parce que les actionnaires d'Airbus-EADS veulent conserver leur taux de profit à deux chiffres malgré la concurrence de Boeing, la parité euro-dollar défavorable ou les retards annoncés dans la phase d'industrialisation de l'A380 ou dans la redéfinition de l'A350.
Airbus dépasse les 10% de taux de profit et représente 65% des bénéfices de la maison mère EADS qui a dégagé sur les six premiers mois de cette année 1,04 milliard d'euros de bénéfice, en progression par rapport à la même période en 2005. Et surtout il y a les actionnaires majoritaires que sont Lagardère et Daimler-Chrysler qui, depuis toutes ces années, ont engrangé des centaines de millions d'euros, sur le dos des salariés. La privatisation d'Aérospatiale par le gouvernement Jospin-Strauss-Kahn-Gayssot n'a pratiquement rien coûté à Lagardère, tout comme les divers aménagements du territoire ou certains nouveaux locaux, dont les coûts ont été largement financés par les deniers publics.
Alors que les gros actionnaires paient et assument les conséquences de leurs décisions économiques! Les travailleurs, quant à eux, ont déjà suffisamment donné. Les profits présents et passés d'EADS devraient être réquisitionnés pour sauver les emplois de tous.