Deux ans après l'inculpation de quatre hauts cadres du groupe pétrolier Total pour avoir contourné les règles de l'opération "pétrole contre nourriture" décidée à partir de 1996 par l'ONU en Irak, c'est au tour du numéro2 lui-même, destiné paraît-il à prendre prochainement la direction du groupe pétrolier, d'être poursuivi dans la même affaire.

Cette opération de l'ONU avait eu pour but d'atténuer les conséquences dramatiques, pour la population irakienne, de l'embargo décidé contre l'Irak à la suite de la première guerre du Golfe en 1991. Elle permettait à l'Irak d'obtenir des produits alimentaires de première nécessité, en échange d'une quantité contingentée de pétrole. La fraude aurait permis à Total d'obtenir des fournitures supplémentaires de pétrole irakien à des conditions favorables.

Tous les ingrédients que l'on retrouve dans ce genre de cas, mêlant corruption et affaires en marge de la loi, sont réunis: des décisions prises au plus haut niveau, des pots-de-vin, une société-écran basée en Suisse, l'appoint fourni par des réseaux d'influence où l'on retrouve d'ex-diplomates et des personnalités politiques.

Ce n'est pas la première fois que le groupe Total est impliqué dans des "affaires". Un de ses fleurons, Elf, qui a fusionné avec TotalFina il y a quelques années, s'était même fait une réputation dans ce genre d'opérations frauduleuses, en Afrique, plus particulièrement au Gabon.

Tout cela est à l'image de ces milieux d'affaires et de pratiques relevant d'un fonctionnement mafieux. Le quotidien Les Échos signale que plus de 2200 entreprises appartenant à plus de soixante pays, dont 180 sociétés françaises et, parmi elles, non des moindres, ont été mises en cause autour de cette opération "pétrole contre nourriture". Que la première entreprise française soit de la partie, n'est-ce pas la moindre des choses?