Au Panama, dimanche 22 octobre, un référendum a approuvé l'élargissement du canal de Panama, qui relie l'océan Atlantique à l'océan Pacifique, évitant aux navires de contourner l'Amérique du Sud. Cet élargissement devrait durer huit ans, coûter 4,2milliards d'euros, et permettre à des navires encore plus importants d'emprunter ce passage.

5% du commerce mondial a beau transiter par ce canal, et son exploitation rapporter pour la seule année 2006 plus d'un milliard d'euros au gouvernement panaméen, près de la moitié de la population panaméenne vit dans la pauvreté, voire l'extrême pauvreté.

À la fin du 19esiècle, les travaux de percement du canal conçu par Ferdinand de Lesseps, responsable de la construction du canal de Suez quelques années auparavant, sombrèrent dans les scandales financiers et la spéculation. Abandonnés, ils reprirent à l'initiative des États-Unis, en 1903. À l'époque, l'emplacement du canal se situait en territoire colombien, dont le gouvernement refusa de conclure un accord prévoyant l'abandon par la Colombie de tous ses droits sur le canal et les territoires riverains. En réponse, le gouvernement américain fomenta un mouvement séparatiste dans la province colombienne concernée par le tracé du canal. Appuyé par les navires de guerre américains, il aboutit en novembre 1903 à la proclamation de la République de Panama, immédiatement reconnue par le Congrès américain et dont quelque 1 500 km² furent placés sous souveraineté américaine. Les travaux pouvaient recommencer. Ils durèrent jusqu'en 1914 et coûtèrent la vie à au moins 25000 personnes qui y travaillaient.

L'exploitation du canal en zone américaine permit l'enrichissement d'une mince couche de privilégiés. Et rien n'a changé depuis 2000, date à laquelle l'État de Panama a récupéré la souveraineté sur l'ensemble de la zone du canal comme sur le canal lui-même. Quant au canal élargi de demain, il n'aura certainement pas plus de retombées positives pour la grande majorité de la population du Panama.