Le débat des prétendants socialistes : Les vraies questions sans réponse.25/10/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/10/une1995.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le débat des prétendants socialistes : Les vraies questions sans réponse.

Le second tour du concours d'éloquence télévisée entre les trois candidats à l'investiture socialiste pour l'élection présidentielle, le 24 octobre, a été, comme le précédent, plus un match qu'un débat permettant aux électeurs de gauche d'y voir plus clair dans ce que chacun proposait dans le cas où il serait élu. Qui l'a gagné? Qui a marqué des points? Des questions que se sont posées les commentateurs, mais qui sont sans intérêt. Les vraies questions sont ailleurs. Sur quoi les trois rivaux, qui briguent la présidence de la République, ce qui suppose que l'un d'eux représente la gauche au second tour de l'élection, s'engagent-ils auprès des classes populaires?

Le débat s'est engagé sur la proposition de Ségolène Royal de mettre en place des jurys populaires constitués de citoyens - donc électeurs - tirés au sort pour évaluer périodiquement l'action de leurs élus. Il n'est pas certain cependant que si elle était élue, Royal pousse son souci de démocratie participative jusqu'à proposer aux salariés de contrôler leurs employeurs et leurs affaires. Par exemple, elle dénonçait, lors du précédent débat, un abattoir du Poitou-Charente, qui, après l'instauration des 35 heures, avait imposé aux salariés de dépecer 150 carcasses au lieu de 100 auparavant. Mais qu'a-t-elle fait pour mettre fin à ce scandale, qu'a-t-elle proposé pour aider les travailleurs à imposer le retour aux normes antérieures? Cela aurait été un exemple d'intervention citoyenne, en l'occurrence de travailleurs, y compris de ceux qui n'ont pas le droit de vote, dans une affaire qui les concerne.

Les trois débatteurs ont insisté sur l'importance de l'école. Strauss-Kahn a même proposé des classes de 15 élèves, là où cela serait nécessaire. C'est effectivement mettre le doigt sur une urgence que nos ex-ministres n'ont certainement pas découverte en préparant ce débat. Et pour financer les dépenses qu'une telle mesure générerait, Strauss-Kahn propose de revenir sur la réforme fiscale de la droite allégeant l'impôt des plus riches. Ce serait la moindre des choses, qui trancherait avec l'attitude de ce même Strauss-Kahn comme de Fabius quand ils étaient ministres des Finances. Ont-ils changé? Admettons-le, sans trop y croire.

Sauf qu'imposer des classes de 15 élèves, remettre l'école à niveau après des décennies de restrictions budgétaires, exigerait sans doute beaucoup plus que le retour à la situation fiscale qui existait avant que Thierry Breton ne réduise le nombre de tranches fiscales en faveur des riches. Où prendre l'argent, sinon sur les profits des actionnaires, en revenant sur les subventions, dont les entreprises ont bénéficié? Car ce qui est vrai pour l'école l'est aussi pour les services de santé, pour les transports publics. Cela suppose de taxer les plus riches, de modifier les priorités budgétaires. Et de cela, ni Strauss-Kahn ni ses interlocuteurs en ont parlé. Par manque de temps de parole? Sûrement pas.

Fabius a rappelé, lui, son attachement au programme des socialistes, son ancrage - tout neuf - résolument à gauche. Il a insisté sur ses liens avec Mitterrand, ce qui n'est rassurant que pour ceux qui ont cru et croient encore que Mitterrand a mené une politique vraiment de gauche.

Ceux qui attendaient que ce débat, dans lequel de nombreuses questions ont été survolées, justifie l'espoir d'un changement profond pour les classes populaires, ont dû rester sur leur faim, comme c'était à prévoir.

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