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- Lutte ouvrière n°1995
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Clermont-Ferrand : Contre un président de Conseil général qui manie la trique, les assistants des services sociaux en lutte.
Les assistants des services sociaux du Puy-de-Dôme sont en lutte depuis plusieurs mois contre la direction du Conseil général, présidé par le socialiste J.-Y. Gouttebel.
Depuis trois ans, la réorganisation tous azimuts des services sociaux du département, liée à la décentralisation, a entraîné une détérioration des conditions de travail, avec une surcharge de tâches administratives pour les assistants sociaux.
Et puis, au printemps dernier, le département s'étant doté d'un nouveau logiciel de gestion des allocataires du RMI, la direction a demandé aux assistants sociaux de saisir des données supplémentaires - et parfois confidentielles - sur les personnes; une façon sournoise de les "fliquer" davantage.
C'était la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. La réaction a été unanime: les AS chargés d'instruire les contrats d'insertion des personnes au RMI ont refusé d'entrer ces données sur informatique. Mais, chaque fois que cela risquait d'être préjudiciable aux bénéficiaires (dossier bloqué, arrêt des versements d'allocations), alors, elles l'ont fait.
Le président du Conseil général a attendu la fin de l'été pour montrer sa conception du dialogue social. 68 AS chargés de ce travail recevaient une lettre individuelle les menaçant de sanctions: un jour de mise à pied, un blâme inscrit pour trois ans dans leur dossier administratif et une convocation à un entretien individuel préalable avec le président et le DRH.
Fin septembre, une assemblée générale des travailleurs sociaux, réunissant plus de 100 personnes, décidait d'un appel à la grève pendant les entretiens, avec accompagnement des agents concernés. Le président Gouttebel, rebaptisé pour l'occasion "Sarkobel" par les grévistes, campe sur ses positions. Quant à ses amis politiques, élus PS de la région, ils ont fini par accepter de rencontrer des travailleurs sociaux... pour leur donner des leçons de morale et leur rappeler qu'ils devaient obéir aux décisions prises par le Conseil général et son président. Et d'ajouter qu'eux-mêmes d'ailleurs ne pouvaient rien faire contre les lois votées. Ce à quoi une assistante sociale leur a rétorqué: "Quand vous étiez dans la rue contre le CPE, c'était bien une loi votée et ça ne vous a pas gênés!"
De son côté, l'ex-ministre socialiste Michel Charasse a envoyé sa lettre-type aux fonctionnaires: "Vous êtes tenus d'obéir aux ordres, et si vous n'êtes pas contents vous pouvez toujours démissionner. D'ailleurs, si j'avais été président du Conseil général, j'aurais appliqué des sanctions bien plus sévères."
Vendredi 20 octobre, lors d'une nouvelle assemblée générale réunissant une soixantaine de personnes, les assistants sociaux ont réaffirmé leurs revendications: l'abandon de toute procédure disciplinaire et la non-saisie informatique des contrats sociaux.
Le président du Conseil général faisait savoir qu'il recevrait les organisations syndicales lundi 23 octobre.
Les assistants sociaux ont reçu le soutien de différentes associations et des collègues d'autres départements. Ils restent vigilants et mobilisés en attendant de recevoir les lettres suite à leurs entretiens.