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- Lutte ouvrière n°1995
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Dans les entreprises
Ateliers SNCF (région lyonnaise) : Le scandale de l'amiante continue.
L'annonce par les syndicats de nouveaux cas de cheminots victimes de l'amiante en région lyonnaise, trois aux ateliers d'Oullins et un au dépôt de Vénissieux, a provoqué une vive émotion.
À Oullins, le problème de l'amiante n'est pas nouveau. On y entretient et répare des locomotives qui, en particulier les plus anciennes, contiennent toujours de l'amiante.
Début octobre, des chefs du Montage avaient fait démonter des plaques amiantées situées dans les cabines de locomotives de type 22000. C'est en voyant les sacs, emballant ces plaques, sortir déchirés des locomotives que les cheminots de l'atelier ont alerté les délégués. Car si ceux qui opèrent sont protégés par un masque, ceux qui sont aux alentours ne le sont pas. Un Comité d'Hygiène et Sécurité (CHS) extraordinaire a alors été demandé et fixé au mardi 10 octobre suivant. Mais dès le lundi, face à l'attitude provocante du chef d'atelier et du directeur, un droit d'alerte fut déposé. Le CHS extraordinaire du lendemain fut interrompu par un rassemblement au Montage, appelé par les syndicats. Des journalistes étaient présents.
C'est dans ce contexte que la direction s'est tout d'un coup souciée de faire emballer dans des sacs plastiques des appareils contenant de l'amiante, en particulier une série de moteurs en attente d'être démontés, entreposés au bâtiment 4 depuis des semaines. Au Magasin aussi, elle a fait bâcher des bennes qui contenaient le cuivre amianté provenant du démontage de moteurs.
Le 12 octobre, avec le terrible accident ferroviaire en Moselle, la SNCF était à la une du journal Le Progrès, mais aussi avec l'amiante à Oullins. On y lisait deux témoignages: celui d'un cheminot, ancien des ateliers Quatre-Mares à Rouen et contaminé là-bas, car le problème est général dans tous les ateliers SNCF chargés de l'entretien de l'ancien matériel.
Le deuxième témoignage était celui d'un cheminot chargé de trier, sans aucune protection, des pièces démontées et dénonçant la direction "qui joue à la roulette russe avec nous".
La direction régionale a tenté d'y répondre lors d'une conférence de presse "de crise". Ce fut un sommet d'hypocrisie. Après avoir déclaré que "la SNCF n'a jamais refusé de reconnaître le problème de l'amiante" ( ce qui n'est pas toujours vrai), le porte-parole de la direction a affirmé que "les prélèvements effectués dans l'air n'ont jamais permis de déceler la présence de particules d'amiante". Et, après avoir répondu aux accusations de négligence sur les consignes de sécurité, il a assuré que les opérations de démontage de locomotives pouvant contenir des pièces amiantées "s'effectueraient désormais dans un nouveau local confiné". Cela montre, soit dit en passant, que les consignes de sécurité ne sont pas actuellement rigoureusement appliquées.
En effet, actuellement, un tel local n'existe pas à Oullins. La "décision" de la direction régionale de faire faire le travail de démontage en milieu confiné est donc inapplicable. Cela montre le sérieux avec lequel il faut prendre les affirmations et les "engagements" de la SNCF! Aussi, dès le lendemain, les cheminots du Montage ont refusé le démontage d'une locomotive programmé ce jour-là par la direction.