Allemagne : La pauvreté s’accroît, le SPD est content de lui18/10/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/10/une1994.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : La pauvreté s’accroît, le SPD est content de lui

Une étude vient, une nouvelle fois, de mettre en lumière l'ampleur de la pauvreté en Allemagne. Réalisée pour la Fondation Friedrich-Ebert, proche du Parti Social-démocrate (SPD), elle révèle que 8% de la population allemande, soit près de 6,5 millions de personnes, peuvent être classées comme «nouveaux pauvres». Deux tiers ont perdu leur emploi et les autres redoutent de le perdre prochainement.

Largement reprise par les médias, cette étude a frappé l'opinion. Elle est, en fait, loin de refléter l'ampleur du problème. Ainsi selon les critères européens (qui considèrent qu'on est pauvre lorsqu'on dispose de revenus inférieurs à 60% de la moyenne nationale), environ 13% de la population allemande vit sous le seuil de pauvreté, avec moins de 692 euros de revenus mensuels. Cela ne cesse de s'aggraver, puisque ce pourcentage était de 9,2% en 2000 et de 12% en 2003. Au-delà il y a tous ceux qui, tout en n'étant pas considérés comme pauvres, voient leur situation se dégrader, à cause des licenciements, des baisses de salaire, des hausses de cotisations sociales, etc. Et l'augmentation du taux de TVA, de 16 à 19%, en janvier prochain, comme la nouvelle réforme de la santé qui conduira à un renchérissement des soins pour les patients, ne pourront que contribuer à augmenter la misère.

La publication de cette étude a engendré un débat parmi les politiciens. Certaines voix, dans l'aile gauche du SPD et les milieux syndicaux, ont timidement critiqué la politique menée par le gouvernement SPD de Gerhard Schröder, car pendant toute la période au cours de laquelle la misère s'est aggravée, le SPD a été au pouvoir, avec les Verts entre 1998 et 2005, et dans le cadre de la coalition dirigée par Angela Merkel, avec la droite depuis un an. Et tandis que la pauvreté a augmenté, les profits des entreprises ont explosé: BMW fait ainsi état, pour le premier semestre 2006, du meilleur bénéfice de son histoire: 1,23 milliard d'euros. Quant à la Deutsche Bank, elle a accru ses bénéfices de 32% au cours du seul second trimestre de cette année.

Mais les dirigeants du SPD n'ont, pour leur part, aucun état d'âme. Le ministre du Travail, Franz Müntefering, a ainsi déclaré: «Il n'y a pas de classe sociale en Allemagne. Il y a des hommes et des femmes qui ont des difficultés, qui sont plus faibles. Ce n'est pas nouveau. Il y en a toujours eu. Mais je m'oppose à ce qu'on répartisse (les gens) en couches sociales». Le meilleur moyen de cacher la réalité sociale n'est-il pas de la nier? Et ne parlons pas de Jürgen Kocka, président d'un prétendu Centre Scientifique de Berlin pour la Recherche Sociale, et membre du SPD, qui estime que «la nouvelle sous-couche sociale (de pauvres) est aussi une conséquence de prestations sociales élevées. Une couche de personnes, qui sont au chômage depuis longtemps, s'est habituée à vivre des transferts sociaux de l'État». Méprisant vis-à-vis des pauvres, servile vis-à-vis de la bourgeoisie, le SPD le revendique et est prêt à continuer.

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