Mer Egée : Des immigrants jetés à la mer.11/10/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/10/une1993.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mer Egée : Des immigrants jetés à la mer.

Il n'y a pas que dans l'Atlantique, vers les Canaries, ou en Méditerranée, vers Gibraltar, l'île de Lampedusa ou la Sicile, que des immigrants issus de pays pauvres risquent leur vie en tentant de rejoindre, par la mer, des territoires de l'Union européenne. Cela arrive aussi en mer Egée.

Le 26 septembre, six immigrants, originaires du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, ont ainsi été retrouvés noyés et trois autres ont disparu au large de l'île grecque de Chios, face à la Turquie. Leurs trente-et-un compagnons survivants, recueillis par les autorités turques, ont expliqué qu'ils étaient partis en bateau de la province turque d'Izmir et qu'ils se dirigeaient vers la Grèce. Ils ont aussi affirmé que, quand ils sont arrivés sur un îlot situé près de Chios, ils ont été arrêtés et ramenés en Turquie par bateau mais qu'ils ont été jetés à la mer par les gardes-côtes grecs au large des côtes turques.

Bien sûr, les autorités grecques ont démenti formellement les faits... tout en accusant la Turquie de ne pas respecter un accord l'obligeant à reprendre les immigrés partis illégalement de son sol. De son côté, le commandant des gardes-côtes turcs a expliqué que ses officiers avaient déjà constaté que des gardes-côtes grecs abandonnaient des clandestins à la mer. En tout cas, le porte-parole en Turquie de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés a ouvert une enquête. Et des habitants des îles grecques situées près de la Turquie ont rapporté avoir déjà vu la police maritime contraindre des bateaux pneumatiques surchargés de clandestins à retourner au large, alors que la mer était démontée. En avril 2005, des habitants de Chios ont même organisé une action de protestation contre de telles pratiques.

Ce qui s'est passé il y a quelques jours est loin d'être un cas isolé. Au total, le site Internet Fortress Europe, qui recense tous les cas cités dans la presse, estime que 240 immigrants sont morts depuis 1988 en mer Egée, auxquels s'ajoutent 168 disparus. Quant aux immigrants qui tentent d'entrer en Grèce par la voie terrestre, en Thrace occidentale, ils risquent toujours de sauter sur des mines car le gouvernement grec n'a pas encore procédé au déminage de sa frontière avec la Turquie, comme il s'y était engagé en signant, en 2003, la convention d'Ottawa pour l'élimination des mines antipersonnelles. D'après Médecins sans Frontières, au moins 55 personnes sont mortes depuis 1994 en sautant sur ces mines.

Victimes à la fois des passeurs, des gardes-côtes, de l'attitude des gouvernements qui s'accusent mutuellement, le sort réservé à ceux dont le seul crime est de fuir la misère et les persécutions est aussi abominable d'un bout à l'autre de l'Europe.

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