Hôtellerie-restauration : Payer les "heures sup", cela ferait pleurer les patrons!11/10/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/10/une1993.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Hôtellerie-restauration : Payer les "heures sup", cela ferait pleurer les patrons!

Dans le secteur de l'hôtellerie-restauration, les 35 heures n'ont jamais été appliquées car, en juillet 2004, les patrons avaient trouvé trois syndicats, FO, CFTC et CFE-CGC, pour signer un accord faisant passer l'horaire officiel de travail de 43 heures à 39 heures et non 35. Les quatre heures au-delà de la 35e heure étaient appelées "heures d'équivalence", ce qui permettait de ne pas les payer en heures supplémentaires. En contrepartie les patrons accordaient une sixième semaine de congés payés, à prendre en salaire ou en temps de repos.

Mais à la suite d'une plainte de la CFDT, qui, avec la CGT, n'avait pas signé l'accord, le commissaire du gouvernement vient de recommander au Conseil d'État de l'annuler, de demander l'application des 35 heures et le paiement des heures supplémentaires à compter du 1er janvier 2005. Si, le 23 octobre, le Conseil d'État suit ces recommandations, les patrons auraient à débourser environ 300 millions d'euros pour payer les heures supplémentaires de 800000 salariés. Mais les 35 heures resteraient encore bien théoriques, dans un secteur où les horaires sont élastiques et les plages horaires de présence largement supérieures au temps effectif de travail.

Beaucoup plus habitués aux cadeaux du gouvernement qu'à devoir mettre la main à la poche, les patrons annoncent déjà une baisse des salaires quand ce n'est pas la faillite des petits établissements qui emploient moins de dix salariés. Ils avaient brandi les mêmes menaces quand, malgré les promesses électorales de Chirac, celui-ci n'avait pas réussi à obtenir de ses partenaires européens la baisse de la TVA à 5,5% dans la restauration. Pleurer la bouche pleine leur a rapporté gros puisqu'en 2004 Sarkozy leur a accordé 1,5 milliard d'euros sous forme d'allégement de charges, cadeau que le ministre Dutreuil a reconduit à compter de janvier 2007, ce qui fera au total près de 3 milliards d'euros.

Alors, d'ici au 23 octobre, le gouvernement, aux petits soins pour les restaurateurs-hôteliers, trouvera bien un moyen pour éviter à ces "pauvres" patrons de débourser 300 millions d'euros, eux qui vont en recevoir au total... près de dix fois plus!

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