Belgique : Le vote d'extrême droite, un exutoire.11/10/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/10/une1993.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique : Le vote d'extrême droite, un exutoire.

Dimanche 8 octobre, les élections se sont tenues pour renouveler les conseils communaux ainsi que le bourgmestre (maire) des 589 communes belges. Le vote est à la proportionnelle intégrale et obligatoire pour les 7,5 millions d'électeurs du royaume. Quelques milliers d'électeurs non européens, résidant en Belgique depuis plus de cinq ans, ont aussi eu le droit de voter pour la première fois.

En Wallonie, le Parti Socialiste recule surtout dans la province du Hainaut, mais maintient sa suprématie. Il a perdu beaucoup de voix dans les communes où ses élus ont été mis en cause fin 2005 pour corruption et favoritisme. À Charleroi, après des dizaines d'années de majorité absolue, le PS va devoir composer avec les libéraux et les chrétiens.

Le Parti Chrétien progresse, ainsi que l'extrême droite. Les listes du Front National ont retrouvé les scores importants de 1994, dépassant 5% et même 10% dans certaines communes du Hainaut fortement touchées par le chômage, là aussi où le PS a été compromis dans des scandales, comme à Charleroi.

Les Verts, associés quelques années au pouvoir fédéral, continuent à reculer dans tout le pays. En Flandre, les libéraux ont fortement chuté au profit du Parti Chrétien et du Vlaams Belang (VB) d'extrême droite (ex-Vlaams Blok).

À Anvers, le Vlaams Belang a gagné près de 5700 voix par rapport au élections communales de 2000, une progression limitée à 0,5%. Mais dans certains districts d'Anvers il dépasse largement les 30%, et atteint même 43% dans l'un d'entre eux. Le nombre de ses conseillers communaux a doublé pour l'ensemble du pays. Il a surtout gagné des voix dans les communes moyennes et petites, alors que, dans les grandes villes, il a stagné, et même reculé à Gand. À Anvers, il n'a pas gagné son pari de prendre la tête de la ville. La progression du VB a donc été moins importante que les sondages le laissaient craindre.

Parmi ceux qui votent pour le Vlaams Belang, on trouve des nostalgiques du fascisme, mais ils ne sont qu'une poignée. On trouve aussi bien des petits bourgeois réactionnaires qui rêvent d'un gouvernement prêt à employer la manière forte contre les pauvres, les chômeurs, les grévistes et syndicats, et les manifestants.

Mais l'extrême droite recueille aussi des voix des milieux populaires, de travailleurs que sa démagogie peut tromper. En Flandre, le Vlaams Belang dénonce les chômeurs wallons, les immigrés du Maghreb et d'Afrique noire et vante la vie "entre Flamands". Mais si la sidérurgie a été délocalisée de Wallonie en Flandre dans les années 1960, pour augmenter les profits en réduisant les coûts de transport, ce n'est pas la faute des chômeurs wallons. Si la domination des trusts occidentaux sur l'Afrique y a créé une misère et un désordre qui poussent des jeunes à fuir leur pays, ce n'est pas la faute des Africains. Quant aux banques et au patronat flamands, ils se comportent exactement comme les autres capitalistes et n'hésitent pas à fermer les entreprises en jetant les travailleurs à la rue. Ce qui fait que le chômage a crû plus rapidement en Flandre qu'en Wallonie ces dernières années.

Les travailleurs qui croient que voter Vlaams Belang ou Front National est le meilleur moyen pour protester contre les dirigeants en place se trompent. Certes, les partis au pouvoir n'ont que mépris pour les travailleurs. Mais le Vlaams Belang est tout aussi dévoué au patronat que les partis au pouvoir.

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