Autriche : Le retour des sociaux-démocrates.11/10/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/10/une1993.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Autriche : Le retour des sociaux-démocrates.

À la suite des élections législatives du 1er octobre, l'Autriche devrait avoir un nouveau gouvernement de coalition dirigé par le Parti Social-Démocrate alors que, depuis 2000, le pays était gouverné par une coalition conservatrice formée par le Parti Populaire du Chancelier Schüssel (droite catholique) et l'extrême droite, dirigée jusqu'en 2005 par le démagogue Jörg Haider, sans que celui-ci fasse partie du gouvernement.

Depuis six ans, le gouvernement s'en est pris aux retraites ou aux conventions collectives des travailleurs, ce qui a eu pour conséquence une baisse du niveau de vie, notamment des plus pauvres, ainsi qu'une montée de la précarité. Aujourd'hui, le chômage se situe officiellement autour de 9%. À l'inverse, Schüssel et ses ministres de droite et d'extrême droite ont particulièrement choyé la bourgeoisie, privatisant des pans entiers de l'industrie et faisant baisser les impôts qui pèsent sur le grand capital, à tel point que le nombre de millionnaires en euros a doublé durant les six dernières années.

La surprise est venue des sociaux-démocrates. Avec 35,7% des voix ils ne baissent que de 0,8%, alors qu'on les croyait en perte de vitesse depuis le scandale de l'affaire Bawag qui avait montré que les responsables syndicaux et socialistes - interchangeables en Autriche - avaient utilisé les fonds syndicaux tirés des cotisations des salariés pour renflouer la Bawag, troisième banque du pays, détenue à l'époque par la confédération syndicale autrichienne.

Jusqu'au milieu des années 1980, la droite catholique et les sociaux-démocrates s'étaient partagés 90% des voix. Depuis, leur influence électorale s'est réduite, cédant du terrain notamment à l'extrême droite, aux Verts ou à l'abstention.

Avec 15,4% des voix, l'extrême droite a progressé de 5,3% depuis le scrutin de 2002. Mais elle est encore loin des 26,9% obtenus en 1999 sous la houlette de son représentant le plus connu, Jörg Haider, et qui avait entraîné la formation de la coalition avec la droite catholique. C'est d'ailleurs cette usure due à la participation gouvernementale du parti de Haider qui a motivé une scission en avril 2005 au sein de l'extrême droite. Lors de celle-ci, Haider, et ses proches ont été dépassés par une frange encore plus ouvertement xénophobe et anti-européenne emmenée par Strache, qui reprochait à Haider de couler le parti en le maintenant au gouvernement. Or c'est justement le parti de Strache, qui a obtenu 11,2% des voix dimanche 1er octobre, alors que celui de Haider devait se contenter de 4,2%.

On se dirige donc vers une nouvelle coalition de gouvernement formée cette fois par les sociaux-démocrates et le Parti Populaire. Mais l'annonce des résultats n'a guère suscité d'enthousiasme parmi les travailleurs, et ce d'autant plus que les sociaux-démocrates ont fait une campagne insipide, n'envisageant à aucun moment de revenir sur une seule des attaques du gouvernement Schüssel.

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