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Dans les entreprises
Système U – Trélazé : Ethylotest et licenciement
Le site de Trélazé de Système U Ouest est un dépôt de la centrale d'achat. Y travaillent environ 170 personnes qui préparent les livraisons de liquides et de produits secs (lessive, aliments pour chien...) pour les magasins U du Grand Ouest.
Il y a plusieurs années, la direction avait mis en place un nouveau système de prime de rendement, pour nous contraindre à toujours travailler au maximum. Ce mode de calcul n'a jamais vraiment été accepté. Une bonne partie des travailleurs résiste et la direction a réagi en sanctionnant.
Elle a essayé de briser les habitudes de solidarité et de réactions collectives en tentant à deux reprises, il y a deux ans, de licencier des salariés en les accusant de vol (l'un pour avoir bu un panaché pris dans la casse, l'autre pour avoir pris un kleenex pour s'éponger le front). Dans les deux cas, la réaction collective des salariés de l'entrepôt a contraint la direction à renoncer à licencier nos collègues.
Depuis quatre mois maintenant, la direction tente une nouvelle offensive pour nous mettre au pas. À chaque fois qu'un cariste (nous le sommes tous par roulement, une semaine sur deux ou trois) fait tomber une palette, il est contraint de se soumettre à un éthylotest. Comme par hasard, les premiers tests ont été imposés à des délégués CGT. La plupart de ces contrôles, toujours négatifs, ne se sont pas déroulés sans réactions et les chefs qui les pratiquaient ont été contraints de donner l'exemple. Certains d'entre eux renâclent d'ailleurs ouvertement contre ces éthylotests dont le caractère insultant n'échappe à personne.
Fin août, un travailleur ayant d'importantes difficultés avec l'alcool a été contrôlé positif. La direction l'a licencié en ayant le culot de prétendre dans le même temps qu'elle allait l'aider. Elle a justifié sa décision par sa volonté de garantir la sécurité. Mais ce que la direction ne dit pas évidemment, c'est qu'un cariste qui respecterait les règles de sécurité (abaisser et rétracter sa fourche à chaque manoeuvre par exemple) serait dans l'incapacité de respecter le rendement minimum imposé et s'exposerait donc à être sanctionné pour production insuffisante. Les préoccupations de sécurité de la direction s'arrêtent là où commencent les profits.
En apprenant ce licenciement, une cinquantaine d'entre nous a cessé le travail. Nous tenions à dire à la direction que nous n'étions pas dupes de ses pseudo préoccupations de sécurité, que nous savions pertinemment que son objectif était de nous mettre au pas, pour mieux nous imposer l'augmentation des rendements.
La direction s'est adressée à la presse pour dénoncer notre mouvement, pensant sans doute que l'opinion publique la soutiendrait, contrairement à ce qui s'était passé lors du licenciement d'un camarade pour «vol d'un kleenex».
Mais elle en a été pour ses frais, car il est clairement apparu que notre collègue licencié relevait plus de soins médicaux que d'une sanction disciplinaire.
Nous n'avons pas réussi à empêcher ce licenciement mais nous sommes convaincus qu'il ne fallait pas le laisser passer sans réagir. Car il est indispensable de dénoncer les arguments hypocrites d'une direction dont les objectifs sont en réalité de nous pressurer toujours un peu plus pour le plus grand profit des propriétaires des magasins U.