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Suisse : Restrictions à l’immigration... des plus pauvres
Lors du référendum organisé en Suisse le 24 septembre, 68% des votants ont accepté la loi restreignant l'accès au droit d'asile et durcissant la réglementation sur l'immigration concernant les étrangers qui n'appartiennent ni à l'Union européenne, ni à l'Association européenne de libre-échange, AELE.
La nouvelle loi qui remplace celle de 1931 prévoit, par exemple, d'interdire la venue d'un étranger qui ne serait pas recruté pour un poste précis. L'admission sur le territoire ne pourra être acceptée que s'il est démontré qu'aucun travailleur suisse, ou issu d'un pays avec lequel la Suisse a conclu un accord de libre circulation, ne dispose du profil souhaité. Il s'agit autrement dit de l'institution d'une priorité au travail. Lorsque l'expulsion est décidée, si la personne étrangère concernée ne «collabore» pas, la détention en attente du renvoi peut atteindre deux ans.
Pour les demandeurs d'asile, les choses s'aggravent tout autant. Alors qu'auparavant les demandeurs d'asile pouvaient présenter, comme documents prouvant leur identité, un simple permis de conduire ou une vieille carte militaire, ils devront désormais produire de «vraies» pièces d'identité. Or il est généralement très difficile à une personne persécutée d'obtenir de tels papiers d'identité.
Cette loi a soulevé l'indignation de la gauche et d'un certain nombre d'organisations, comme Amnesty International. Ainsi le député et vice-président des Verts Ueli Leuenberger a déclaré «inadmissible que les 700000 non-Européens établis en Suisse soient frappés très durement, principalement au niveau du regroupement familial et de l'autorisation de séjour». Daniel Bolomey, secrétaire général de la section suisse d'Amnesty International, a dénoncé de son côté les restrictions au droit d'asile. «La Suisse se dote des lois les plus restrictives en Europe, a-t-il dénoncé, alors que les demandes d'asile n'ont jamais été aussi peu nombreuses depuis vingt ans.» Et en effet, en 2004, un peu plus de 14000 personnes ont déposé une demande d'asile en Suisse: il s'agit du plus bas niveau depuis dix-sept ans.
Selon l'Office fédéral de la statistique, il y a près de 1322000 étrangers en Suisse, en majorité des ressortissants de l'Union européenne ou d'un pays de l'AELE, (62,9%). Ceux qui sont principalement visés par les nouvelles mesures sont les travailleurs qui ne sont pas originaires d'un pays de l'Union européenne. Les riches étrangers, d'où qu'ils viennent, sont au contraire accueillis à bras ouverts, surtout par les banquiers à qui ils confient leurs capitaux et ce, quelle que soit la provenance de leur argent. Les millions découverts il y a quelques années sur un compte genevois, qui provenaient de ventes d'armes livrées en Afrique et qui valurent à Christophe Mitterrand sa mise en examen, ou encore l'argent de dictateurs, comme Mobutu, n'ont eu aucun mal à trouver le chemin des coffres-forts des banques suisses. Et les détenteurs de tels comptes n'ont aucun mal à résider en Suisse s'ils le souhaitent.