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Dans le monde
Sarkozy et Royal au Sénégal : Quatre siècles de «codéveloppement»
En visite à Dakar le 24 septembre, Sarkozy a plaidé pour une «expérience pilote de codéveloppement avec le Sénégal». Deux jours plus tard, dans le même pays, Ségolène Royal dissertait sur sa «conception exigeante et efficace du codéveloppement». Tous les deux affirment que la coopération économique entre les pays industrialisés et l'Afrique permettrait de tarir à la source l'émigration de la misère, en élevant le niveau de vie des populations.
Mais la misère de l'Afrique est justement la conséquence directe de la «coopération» entre ce continent et les pays industrialisés. La France et le Sénégal, par exemple, ont connu des siècles de codéveloppement. C'est au Sénégal que les négriers français allaient chercher les esclaves et que les captifs partaient vers les plantations des Antilles. Puis, au XIXe siècle, la France a conquis par le fer et par le feu tout le territoire et l'a transformé en une vaste plantation d'arachide. Les quelques infrastructures nécessaires au colonisateur français ont été construites par le travail forcé des Sénégalais. Aujourd'hui encore, quarante-six ans après l'indépendance, ce sont les groupes bancaires et industriels français qui dirigent le pays pour leur bénéfice exclusif, aidés chaque jour par l'ambassade de France et, lorsqu'il le faut, par l'armée française, stationnée en permanence au Sénégal.
Ce sont ces quatre siècles de «codéveloppement» qui font que, aujourd'hui, la pauvreté pousse des milliers de Sénégalais à risquer leur vie sur des barques défoncées pour tenter de gagner l'Europe via les îles Canaries
Pour Royal et Sarkozy, toute cette misère n'est qu'un argument dans la campagne électorale française: comment «gérer les flux migratoires?», disent-ils. L'une propose d'utiliser l'énergie solaire pour sortir l'Afrique de la misère, l'autre signe des accords de police et quelques visas pour des étudiants. Et les deux veulent des barbelés et des hélicoptères pour tenter de contenir les affamés.