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Privatisation de GDF : Le PS ne s’engage à rien
Les dirigeants socialistes ont multiplié les déclarations sur la cession de GDF au groupe privé Suez. Ils laissent entendre qu'ils en seraient des adversaires résolus. Mais la renationalisation d'EDF-GDF n'est pas leur priorité.
Pour Fabius, «les socialistes sont contre la privatisation de GDF.». Même son de cloche chez Ségolène Royal: «La fusion GDF-Suez est une faute». Pour Arnaud Montebourg: «C'est une folie pour une grande nation comme la nôtre que de se priver, ou de mettre au marché qui aujourd'hui est déchaîné sur le terrain énergétique, des outils aussi importants que la maîtrise de l'approvisionnement et du prix du gaz».
François Hollande fait mine de croire que cette privatisation n'aura pas lieu. «Pour l'instant, GDF n'est pas encore privatisé. (...) S'il devait l'être, il n'est pas sûr que la fusion Suez-GDF se fera». Il attend un bon geste... des actionnaires: «L'Europe va imposer des conditions extrêmement difficiles aux deux groupes, explique-t-il. Il n'est pas sûr que les actionnaires de Suez acceptent la fusion.»
Mais si la privatisation a lieu? Hollande tient à dire que le rapprochement EDF-GDF se fera «aux conditions que néanmoins posera Bruxelles»; une façon de dire qu'il ne se fera pas. Montebourg dit la même chose à sa manière: «C'est très difficile de renationaliser derrière une privatisation injustifiée», car ce projet de fusion «est assez irréversible».
Ségolène Royal a l'air plus ferme: «Nous devrons remettre dans le secteur public EDF et GDF pour créer un champion national de l'énergie». Mais elle précise aussitôt que le rapprochement entre GDF et EDF évoqué tombera «à un moment où nous devons préparer un investissement massif dans les énergies renouvelables et être beaucoup plus vigilants sur les déchets nucléaires». Une manière d'indiquer qu'il y aura peut-être d'autres priorités. Dominique Strauss-Kahn ne dit pas autre chose.
Ce dont ne doute pas Kouchner, qui reproche à ses amis socialistes de ne pas dire la vérité aux électeurs socialistes: «J'ai entendu les candidats de cette course présidentielle dire que ce ne serait plus la priorité, c'est bien. (...) La renationalisation coûterait 12 milliards, c'est-à-dire deux fois le budget de la justice», qui à ses yeux passerait avant.
Alors que restera-t-il du pôle public EDF-GDF après la campagne électorale? Certainement pas grand-chose. Mais qui a vu, au cours de ces dernières années, les dirigeants du PS au gouvernement défaire ce que la droite avait fait, ou s'en prendre aux intérêts du capital privé?