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Leur société
Aubervillliers (Seine-Saint-Denis) : Traque de sans-papiers
Dans la matinée du mardi 26 septembre, la ville d'Aubervilliers a été le théâtre d'un spectaculaire déploiement des forces de l'ordre: plusieurs dizaines de gendarmes de Bobigny, des CRS, et même des militaires, en tout une centaine d'hommes, ont quadrillé la rue Henri-Barbusse pendant plusieurs heures. Motif officiel: «La lutte contre le travail illégal». Les forces de police ont investi un entrepôt où vivaient plusieurs familles d'origine chinoise qui travaillaient dans des ateliers clandestins. Il y a eu 29 arrestations et jeudi après-midi 7 étaient encore en rétention. Un travailleur clandestin qui tentait de s'échapper par le toit est tombé dans la cour d'une école élémentaire voisine où il a été appréhendé sans ménagement.
La police a également arrêté dans la rue un jeune élève asiatique sans papiers, scolarisé au collège Jean-Moulin, qui a été ensuite relâché.
Au fur et à mesure que les nouvelles arrivaient, il était clair que la «lutte contre le travail illégal» invoqué par la préfecture de Seine-Saint-Denis était un prétexte car la police ne s'intéressait nullement aux patrons profiteurs.
Son objectif réel était de frapper un grand coup et faire peur à cette communauté chinoise, très impliquée dans le Comité de vigilance d'Aubervilliers contre les expulsions des élèves sans-papiers. Et cela à la veille d'une manifestation qui devait se rendre à la préfecture de Seine-Saint-Denis, à Bobigny, mercredi 27 septembre, afin de réclamer la régularisation de tous les sans-papiers.
Rappelons que plus de 4600 familles en Seine-Saint-Denis n'ont pas été régularisées cet été. Elles vivent, aujourd'hui, la peur au ventre, risquant l'expulsion à tout moment. Des milliers d'enfants sont dans la même situation sur tout le département, des enfants scolarisés pour la plupart, et dont certains n'osent plus sortir et aller à l'école par crainte d'être arrêtés.
Alertés, les enseignants de la Cité scolaire Henri-Wallon se sont immédiatement réunis en assemblée générale et ont débrayé pour manifester leur solidarité avec les sans-papiers et protester contre la rafle de la police dans leur commune. Quelques dizaines d'enseignants et des centaines de collégiens et de lycéens d'Henri-Wallon se sont ensuite rendus en manifestation devant l'école maternelle Anne-Sylvestre, où se tenait un rassemblement qui s'est transformé en manifestation.
Tout le monde est convaincu que seule la mobilisation pouvait faire reculer Sarkozy et ses sbires. Rendez-vous a été donné pour aller à la manifestation du mercredi 27 septembre devant la préfecture.