Sans-Papiers : La traque s’accélère21/09/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/09/une1990.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sans-Papiers : La traque s’accélère

Sarkozy s'enorgueillit de l'expulsion de dix sans-papiers interpellés lors de l'évacuation de l'immeuble occupé de Cachan. Trois d'entre eux, qui refusaient d'embarquer, ont été matraqués, bâillonnés et attachés à leurs sièges. Certains de ces expulsés sont séparés de leur femme et de leurs enfants, restés ici. À Cachan, autour du gymnase où les personnes évacuées attendent leur relogement, les policiers rôdent. Lundi 18 septembre, à 16 heures, ils ont arrêté un père qui allait chercher son fils à l'école.

Et mardi midi 19, toujours près du gymnase, des policiers ont appréhendé violemment un Africain. Alertées, des personnes du gymnase se sont interposées. Plus de vingt policiers sont alors intervenus très brutalement. Six blessés ont été transportés à l'hôpital. Matraques et gaz lacrymogène à l'appui, les flics de Sarkozy ont le feu vert pour les provocations et la répression.

Le ministère de l'Intérieur a tenu une conférence de presse pour présenter son tableau national de chasse aux sans-papiers. Au mois d'août, 1874 personnes ont été expulsées, 17% de plus qu'en août 2005. Durant les vacances scolaires, d'après la Police des frontières, ce sont 80 familles comprenant au moins un mineur qui ont été reconduites aux frontières, soit 250 personnes.

«C'est quasiment du quotidien», dénonce un syndicaliste CGT-Roissy au journal Le Parisien. «Il y a des expulsions sur des vols réguliers et des avions entiers, notamment pour les Roumains» (par exemple, le 14 septembre, un charter de 79 Roumains escortés par 95 policiers). «On assiste, en plus, à des procédures de plus en plus violentes, avec parfois des passagers qui ont tenté de protester contre ces expulsions et qui ont été placés en garde à vue.»

Le gouvernement a fixé des quotas d'expulsions par département. Au premier semestre, 10462 personnes ont été reconduites manu militari aux frontières. Sarkozy exige un effort pour le deuxième semestre car il veut afficher 25000 expulsions avant l'élection présidentielle (après 20000 en 2005 et 15000 en 2004). De plus, tous ces expulsés sont fichés, ainsi que les personnes qui les hébergeaient et celles qui leur rendent visite dans les centres de rétention.

Sarkozy veut plaire à l'électorat lepéniste en montrant qu'il traque les immigrés, tout en organisant une immigration choisie, répondant aux besoins du patronat: des travailleurs sans droits, au moindre coût, jetables à tout moment et sans charges familiales.

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