Retraites et régimes spéciaux : Le PS sur la même longueur d’onde que Sarkozy21/09/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/09/une1990.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Retraites et régimes spéciaux : Le PS sur la même longueur d’onde que Sarkozy

Sarkozy, confirmant les propos de Fillon, a promis la remise en cause des régimes spéciaux de retraite s'il est élu en 2007. Les cheminots, les agents de la RATP, mais plus généralement l'ensemble des travailleurs savent donc à quoi s'en tenir.

Les dirigeants du PS ne se sont pas précipités pour se prononcer sur cette question. Il a fallu attendre deux jours pour avoir leurs premières réactions aux propos de Fillon, alors que les micros et caméras ne manquaient pourtant pas. Mais si la guerre fait rage au PS entre les prétendants à la candidature, ce n'est pas sur la question des retraites qu'ils se divisent.

Comme bon nombre de cheminots, d'électriciens et leurs familles font partie de leur électorat potentiel, les dirigeants socialistes prétendent les comprendre. Jospin a compati: «On peut comprendre que des personnes qui ont acquis des avantages historiquement n'aient pas envie de les perdre, quand elles voient l'injustice dans la société française.» Ségolène Royal a prétendu qu'une réforme ne pourra pas se faire «en clouant au pilori une entreprise publique et des salariés qui ont des acquis sociaux depuis longtemps». Mais tous ont tenu à dire qu'il fallait remettre en question leur droit à la retraite. «Il y a un chantier d'harmonisation à conduire dans le système de réforme des retraites», a dit Royal. «Il faut rouvrir le dossier des régimes spéciaux», a dit lui aussi Fabius. Et Hollande a confirmé: «Bien sûr qu'il faudra réformer ces régimes», mais «ça se fera dans un cadre concerté, au moment où le rendez-vous a été fixé, en 2008». En reprenant donc le calendrier fixé par Fillon en 2003.

En fait, il y a bien une différence entre les socialistes et la droite: quand Sarkozy et l'UMP parlent de couper la jambe, ils s'en vantent auprès de leurs supporters et traitent de privilégiés ceux qui souhaitent la garder alors que tant d'autres l'ont déjà perdue. Le PS, lui, se répand en excuses et pleure sur le triste sort des salariés concernés. Mais dans les deux cas, si on se laisse faire, on deviendra unijambiste.

Quant au point de vue du patronat, ce que dit à ce propos Denis Gautier-Sauvagnac, le patron de l'UIMM, un dirigeant du Medef, est significatif. Bien sûr, il applaudit aux déclarations de Fillon et de Sarkozy en déclarant: «Les régimes spéciaux sont un vrai scandale», lui qui n'a pourtant jamais trouvé scandaleux le régime très spécial de ses compères: par exemple l'ex-PDG d'Accor parti avec une indemnité de départ à la retraite de 12millions d'euros, ou Daniel Bernard, ex-PDG de Carrefour parti avec l'équivalent de 2500 ans de salaire de smicard.

Mais ce dirigeant patronal montre tout de même son inquiétude: «C'est une affaire extrêmement difficile, souvenez-vous de 1995». «Il faut mener cela avec prudence, avec intelligence. Il faut éviter de mettre un certain nombre de gens dans la rue et il faut surtout éviter de bloquer la RATP et la SNCF.»

Le souvenir des grèves de 1995 dans les transports publics est encore frais dans la mémoire des patrons. Il y a tout lieu de croire qu'il n'est pas oublié non plus chez les travailleurs.

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