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Liban : La Finul prend le relais de l’armée israélienne
Dimanche 17 septembre, les nouvelles troupes de la Force intérimaire des Nations unies pour le Liban (Finul) ont commencé à débarquer et à se déployer dans le sud du pays. L'arrivée de ces renforts en application de la résolution 1701 de l'ONU, votée le 11 août, est présentée, en particulier par le gouvernement français, comme un facteur de «rétablissement de la paix dans la région».
Chirac et Alliot-Marie, sa ministre des Armées, présentent cette opération, à laquelle participe un contingent français, comme s'il s'agissait d'envoyer des gendarmes neutres et pleins de bonne volonté séparer des gens en train de se battre. Mais ni l'ONU, ni les différents pays impérialistes, dont la France, ne sont «neutres» dans cette affaire. Au contraire.
Du 12 juillet au 14 août l'armée d'Israël a bombardé le Liban, multipliant les morts et les destructions, faisant fuir des centaines de milliers de personnes, rasant les infrastructures du pays, instaurant un blocus maritime et aérien. Pourtant l'ONU et la France avec elle ont attendu un mois entier pour voter leur résolution: qu'Israël laisse entendre qu'il était prêt à accepter un arrêt des combats. Il n'a jamais été question de gêner le gouvernement israélien quand il transformait une partie du Liban en champ de ruines.
D'ailleurs, après l'arrêt des combats, Israël a maintenu son blocus maritime jusqu'au 8 septembre, continue d'occuper certaines portions du territoire libanais (celles qui sont nécessaires au contrôle militaire et à d'éventuelles nouvelles interventions) et organise toujours des opérations de commando pour faire des prisonniers. Des avions de chasse et des avions sans pilote israéliens survolent le Liban. L'armée israélienne poursuit ses travaux de terrassement sur la frontière pour en rendre l'accès plus facile à ses blindés et à ses troupes.
Face à cela, les soldats de l'ONU seront pourtant exclusivement stationnés en territoire libanais et auront pour mission essentielle, si ce n'est exclusive, d'aider l'État libanais à empêcher l'entrée dans le pays d'armes autres que celles commandées par l'armée libanaise. Il n'est en revanche prévu aucun moyen maritime pour contrôler la flotte israélienne, aucun radar ni aucun avion pour contrôler son aviation. Des soldats de l'ONU surveilleront la frontière syrienne pour empêcher les trafics d'armes. Mais il n'est pas envisagé de contrôler, par exemple, le flux d'armes entre Israël et les États-Unis. Amnesty International a par exemple démontré que le 22 juillet, alors que le Liban était sous les bombes, deux Airbus chargés de bombes à guidage laser, venant des États-Unis et à destination d'Israël, faisaient escale à Londres. Ni le contrôle de ce trafic ni même sa réprobation ne rentrent dans les missions de l'ONU, «force de paix».
Alors la Finul nouvelle manière, dite «renforcée», fera ce que fait la Finul depuis vingt-huit ans qu'elle est présente au Liban: rien. Si l'armée israélienne juge bon d'entrer une nouvelle fois au Liban, la Finul élèvera peut-être une protestation solennelle, avant de plier bagage en mettant en avant son impuissance.
D'après Chirac, Alliot-Marie et consorts, y compris évidemment le PS, la Finul serait au Liban pour oeuvrer à «la paix». Mais, dans la région, le principal obstacle à la «paix» est la politique agressive des dirigeants israéliens à qui il est exclu de faire le moindre déplaisir. Et les forces de la Finul ne font que leur rendre le service de geler la situation sur le terrain, en attendant peut-être le prochain affrontement.