Les profits du CAC 40... et les autres21/09/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/09/une1990.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les profits du CAC 40... et les autres

Les analystes boursiers investissent... dans le superlatif. «Surperformance», voilà le terme utilisé pour qualifier les 50 milliards d'euros de bénéfices cumulés, et accumulés, au cours des six premiers mois de l'année, par les entreprises du CAC 40, qui composent l'indice symbolique de la Bourse de Paris.

Et d'enchaîner les raisons pour ces dernières de pavoiser: cette somme dépasse de 23% les bénéfices du premier semestre 2005, déjà en explosion. Les résultats de l'année 2006 complète promettent de dépasser les 100 milliards, alors que les 85 milliards de 2005 étaient déjà considérés comme «historiques». Presque tous les secteurs sont au beau fixe, en particulier la finance, banque et assurance confondues. Même Renault, dont les bénéfices semestriels sont inférieurs à ceux de 2005 -mais ce serait en raison de la hausse des coûts des matières premières, dont la «bulle» serait en passe de se dégonfler...- annonce tout de même plus de 1600 millions d'euros de profit. Cette «profitabilité» exceptionnelle dure depuis trois ans déjà, entraînant pour les entreprises, selon un responsable du secteur Actions d'une grande banque, «des problèmes de riches sur l'utilisation de leur capital excédentaire».

Car cette croissance des bénéfices ne concerne pas seulement les quarante mastodontes du profit. Les «moyennes» entreprises sont également de la fête, leurs patrons s'entend. La progression de leurs résultats semestriels est encore plus remarquable: la croissance de l'indice Mid&Small 190, l'équivalent du CAC 40 pour 190 entreprises moyennes telles qu'Areva ou Plastic Omnium, dépasse les 23% des grandes, pour atteindre 31%. Bénéfice sur ce bénéfice, leurs titres s'arrachent, les acheteurs étant prêts à les payer encore plus cher que les actions des grands groupes, pourtant recherchées.

Lesdites «moyennes entreprises», souvent liées à de grands groupes, réclament de l'État de «faire des efforts [...] pour alléger le fardeau», selon les mots de Laurence Parisot, la présidente du Medef, réclamant de nouvelles exonérations de taxes et impôts pour les patrons. Elles pleurent la bouche pleine, mais cela leur a permis d'obtenir, pour les entreprises à l'effectif inférieur à vingt salariés, la suppression totale dès l'été 2007 des charges sur les salaires au niveau du smic.

Dans l'ensemble, les cadeaux distribués aux entreprises, comme les 24 milliards d'euros d'exonérations de cotisations patronales obtenus en 2006, sont un facteur de leurs brillants résultats. Elles en attendent encore pour 2007, dont 3,4 milliards d'euros d'allégements sont déjà programmés. Face à cela, les 800 millions d'euros d'augmentation entraînés par une hausse de la fiscalité timidement décidée par le gouvernement, portant sur l'acquisition de certains titres, ne risquent guère de les appauvrir.

Et au même moment ces gens-là osent, la main sur le coeur, parler d'indispensables économies à ceux dont ils suppriment les postes après avoir fait stagner leurs salaires depuis des années. Ceux qui, précisément, sont à la source de toute cette insolente richesse.

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