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Leur société
Hospitalisation privée : Le culot des patrons de cliniques
Mardi 19 septembre, à l'appel de la Fédération de l'hospitalisation privée qui regroupe les patrons des cliniques privées, ces dernières étaient en grève des soins. Motif? Dans le cadre des mesures d'économies prônées par le gouvernement pour réduire le déficit de la Caisse nationale d'assurance maladie, le ministre de la Santé a décidé de baisser de 2,8% les tarifs des actes qui sont directement remboursés à ces cliniques par la Sécurité sociale.
Cette baisse des remboursements n'est pas prévue pour longtemps, elle n'est programmée que pour les trois derniers mois de l'année. Mais elle a suffi à provoquer la levée de boucliers, le représentant des directeurs de cliniques privées allant jusqu'à proclamer qu'il s'agissait d'une déclaration de guerre du gouvernement. Quel culot! Mais ce culot pourrait bien s'avérer payant quand on se souvient que, cet été, il a suffi de quelques jours de grève de certains médecins libéraux, chirurgiens, obstétriciens et anesthésistes de ces mêmes établissements privés, pour que le gouvernement accepte de prendre en charge une partie importante de leur prime d'assurance, soit une ardoise de 20 millions d'euros, chaque année, pour la Sécurité sociale.
Et le culot de ces nantis devient révoltant dans la publicité que la Fédération de l'hospitalisation privée a fait passer (pleine page!) dans des quotidiens tels Le Monde et Le Figaro. On y voit, sur fond de cible, un chirurgien atteint de trois balles, avec la légende «Cliniques en danger». En danger? Alors que, il y a tout juste une semaine, les milieux financiers se réjouissaient d'un bénéfice net de 46,5 millions d'euros, en hausse de 68%, pour la seule Générale de Santé, propriétaire de... 147 cliniques en France!
Dans la même publicité, un commentaire proclame: «En France, une personne hospitalisée sur deux choisit une clinique privée...» La moitié des hospitalisations a peut-être lieu dans le secteur privé, mais pas les plus lourdes, pas celles qui demandent le plus d'investissements en matériel et en compétences. Et, de toute façon, ce n'est pas par choix que nombre de malades font appel aux établissements privés. Ils y sont le plus souvent contraints par le manque de places et les délais trop longs dans le secteur public.
Depuis des années, l'État a fermé des services hospitaliers et même des hôpitaux publics dans leur totalité. Ce faisant, il a fait la place aux cliniques privées et assuré des ponts d'or à leurs actionnaires. La moindre des choses serait de les faire payer.