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Hôpital Hôtel-Dieu – Paris : Ras le bol des pénuries
L'Hôtel-Dieu, situé au coeur de la capitale, compte 1800salariés. Il ne fait pas exception parmi les hôpitaux de l'AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris): le sous-effectif est devenu un mode de fonctionnement quotidien. Par exemple en médecine, il y a quatre postes d'infirmières qui ne sont pas pourvus. En diabétologie, trois postes d'aides-soignantes n'ont pas été remplacés. En Hématologie, neuf postes infirmiers ne sont actuellement pas pourvus.
La politique d'économies de l'AP-HP se traduit aussi par le fait que certains médicaments sont délivrés au compte-gouttes, pour limiter les stocks dans les services de soins, ou par des restrictions sur le matériel utilisé au quotidien, comme des lits électriques, des pousse-seringues, des pieds à perfusion, etc.
Du coup, le personnel court pour obtenir du matériel, ce qui alourdit encore la charge de travail. Pour pallier l'insuffisance des effectifs, la direction fait pression pour que le personnel fasse des heures supplémentaires et même parfois qu'il fasse double journée, ce qui veut dire au moins quatorze heures d'affilée! Bien souvent, on se voit refuser, et parfois à la dernière minute, un RTT ou nos congés.
En médecine par exemple, il est fréquent que les repos soient coupés. Du coup, il faut attendre parfois quinze jours pour avoir deux jours consécutifs, et la direction rend responsable de la situation les absences pour maladie, congés-maternité. Et même les vacances!
La direction justifie ainsi le fait de ne pas embaucher. Mais ces absences sont inévitables et justifiées, tout au long de l'année. Ce sont des embauches massives qui sont nécessaires, et tout de suite! Sans compter qu'elle parle du manque d'infirmières à cause de la pénurie dans cette profession. Mais pourquoi l'AP-HP n'augmente-t-elle pas les salaires, d'autant qu'elle n'arrive pas à recruter dans certains services où les conditions de travail sont très difficiles?
La dégradation de la prise en charge des malades fait que le personnel se sent responsable et se culpabilise. La direction joue sur ce sentiment de culpabilité pour faire que le personnel accepte encore plus d'heures supplémentaires et de mauvaises conditions de travail en se disant que «on le fait pour le patient». Alors que, bien sûr, le personnel n'est aucunement responsable de cette dégradation due à la politique d'économies de l'AP-HP.
Il devient urgent et nécessaire de s'opposer tous ensemble à ces dégradations quotidiennes. Il faut une réponse collective pour changer vraiment le rapport de force entre la direction et le personnel. Dans certains services, le personnel n'a pas accepté le non-remplacement d'une personne absente un jour donné. La mobilisation a alors permis que la personne absente soit remplacée. Avec cette pression la situation a été réglée en peu de temps et avec succès. Il faut en tirer la leçon.