Fête de l’Humanité : Un rassemblement populaire, mais pour quelle politique?21/09/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/09/une1990.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Fête de l’Humanité : Un rassemblement populaire, mais pour quelle politique?

Cette fois encore, la fête de l'Humanité, les 15, 16 et 17 septembre, a été un succès qui, quoi qu'on pense de la politique de la direction du PCF, atteste de son assise populaire. Car les foules s'y pressaient, qu'elles soient venues pour les artistes connus qui étaient à l'affiche, par intérêt politique, par sympathie pour le PCF, ou pour tout cela à la fois.

Cela dit, l'intervention centrale de Marie-George Buffet n'a rien apporté de nouveau. Les commentateurs ont souligné qu'elle se gardait, prudemment, de préciser quelle serait son attitude au moment de l'élection présidentielle. Mais cette prudence n'est pas une surprise.

Même si elle est due en partie aux contradictions qui s'expriment ouvertement au sein de son parti, cela n'explique pas tout, et surtout pas l'essentiel.

Les dirigeants du PCF, de quelque bord qu'ils soient, ne sont pas à la recherche de la meilleure voie pour défendre les intérêts des travailleurs et des classes populaires. Ils sont, de façon bien plus terre à terre, à la recherche de la meilleure façon de sauvegarder leurs élus, en particulier leurs parlementaires, et si possible le groupe parlementaire du PCF. Cela exige, dans l'état actuel de la réglementation, de disposer d'au moins vingt élus à l'Assemblée nationale.

Dans une telle perspective, l'élection présidentielle ne constitue pas l' enjeu majeur pour les dirigeants du PCF. Car ils ne peuvent ignorer qu'ils n'occuperont qu'une position marginale dans cette présidentielle. Ils craignent même peut-être d'y faire piteuse figure, à l'instar de Robert Hue en 2002. C'est d'ailleurs ces raisons, invoquées par certains en son sein, qui les incitent à envisager que le PCF puisse, dans cette élection, s'effacer en tant que tel et ne pas présenter un candidat estampillé du parti au premier tour afin, disent-ils, d'assurer la présence du candidat socialiste au second -sans d'ailleurs connaître son nom et encore moins la politique qu'il défendra.

Un tel calcul ne serait pas sans inconvénient pour le PCF. Il risque d'y perdre un peu plus encore son identité en tant qu'organisation, c'est-à-dire, mais ça n'est pas rien, sa capacité de marchandage avec ses partenaires, et surtout avec le Parti Socialiste, qui reste le maître dans ce jeu politicien. Cela suffit à expliquer l'attitude prudente de Marie-George Buffet et de toute la direction du PCF.

Le PCF s'est largement investi dans le Comité pour une candidature unitaire. Il y adopte une posture très critique à l'égard du PS, l'accusant de ne pas avoir rompu nettement avec ce qu'il appelle «le social-libéralisme». Mais cette intransigeance est exclusivement verbale, se cantonnant dans les admonestations générales. Elle ne tiendra, au mieux, que jusqu'au premier tour de l'élection présidentielle.

Le PCF et ses partenaires dans ce comité nous préviennent d'ailleurs à l'avance quand ils annoncent dès aujourd'hui qu'ils appelleront à voter pour le candidat de gauche, c'est-à-dire pour le candidat socialiste, au second tour de la présidentielle, dans l'espoir que le PS leur renverra l'ascenseur aux élections législatives qui suivront. N'est-ce pas dire que, quelles que soient leurs réserves actuelles, ils cautionneront à l'avance le candidat du Parti Socialiste et, ce qui est pire, la politique qu'il mènera, s'il est élu?

Partager