Disneyland – Marne-la-Vallée : La grève de la Maintenance pour les 200 euros21/09/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/09/une1990.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Disneyland – Marne-la-Vallée : La grève de la Maintenance pour les 200 euros

La grève, votée le mardi 12septembre par 300 salariés de la Maintenance de Disneyland, avec pour revendication 200 euros (par mois) pour tous, s'est prolongée jusqu'au mardi suivant.

Au premier jour, la direction lançait, méprisante: «Nous ne discuterons que quand les grévistes reviendront avec des propositions plus raisonnables», et ensuite déclarait que les grévistes devaient reprendre le travail avant toute négociation. Cela n'a fait qu'inciter les grévistes à voter à nouveau la grève, chaque jour, en assemblée générale, chaque matin à 7h30, et à repréciser chaque jour que leur revendication restait les 200euros par mois. Les actions proposées étaient généralement aussi soumises au vote en même temps à main levée et par acclamation. Elles avaient pour but de populariser la grève auprès des visiteurs et auprès des autres employés du parc (12000 salariés sur le parc, dont 1000 en Maintenance).

Les visiteurs, par exemple, pouvaient entrer gratis quand les grévistes se plaçaient en haie d'honneur devant les portillons d'entrée, en applaudissant ceux qui entraient.

L'attraction... de la grève

La direction dut annuler le défilé des personnages des dessins animés dans le parc (la Parade) à plusieurs reprises. De même certaines attractions telles que Pirates, Temple du Péril, Rock, le spectacle du Parc des Cascades, n'ont pas pu se dérouler normalement, car les 200 à 300 grévistes de la Maintenance faisaient chaque jour le tour du parc, bien qu'il soit très étendu, leur nombre se gonflant au fil des heures avec les «cast-members» (c'est le nom donné à ceux qui travaillent dans le parc!) qui les rejoignaient.

Ici, le cortège défilait dans les entrepôts, accueilli par les klaxons des conducteurs d'engins: les 25 employés du secteur se joignaient à la grève. Ailleurs, c'étaient quelques collègues du Tapis Volant qui les attendaient pour les rejoindre sous les ovations. En passant, deux couturières du «Costuming» étaient entraînées. Le jeudi 14, le nombre de grévistes atteignait les 700 personnes. Le lendemain, leur cortège, arrivé à 340 devant les hôtels, en repartit... à 800!

La Maintenance est restée de bout en bout le noyau de la grève, mais elle a été rejointe, pour quelques heures, la journée ou plusieurs jours, par des travailleurs venus de nombreux autres services: les hôtels en premier lieu, mais aussi des employés de bureau, des conducteurs d'engins, des employés en costume de restaurants ou d'attractions.

Au troisième jour de la grève, la direction finit par ouvrir des négociations. Un délégué CGT demanda en assemblée générale improvisée (il y en eut chaque jour): «Qui veut accompagner les syndicats à la négociation?» Tout le monde se bousculait, voulait en être. Finalement, trois personnes furent choisies par chaque syndicat, 28 en tout. À la séance, la direction n'avait rien à proposer. Par contre, les gens avaient beaucoup de choses à lui dire, comme par exemple ce cri du coeur: «Je gagne 850 euros à temps partiel, comment est-ce que je peux vivre avec cela?»

La direction propose des primes

Une deuxième séance de négociations eut lieu le vendredi 15, et les grévistes s'y invitèrent également. La direction proposait une prime exceptionnelle de 100 euros, celle-là même qu'elle avait refusée en début d'année, et des primes mensuelles d'un montant moyen que l'on pouvait estimer à 80 euros, mais pour une partie seulement des travailleurs de la Maintenance. Les syndicats ne l'acceptèrent pas.

La grève et le mouvement se prolongèrent jusqu'au lundi suivant 18 septembre. Le samedi, jour de faible présence des salariés de Maintenance, il y eut encore une centaine de grévistes. Quelques chauffeurs de cars internes se joignirent à eux, un service des hôtels se mit en grève à midi. Les grévistes eurent la bonne surprise d'être invités au restaurant, gratuitement, par les cuisiniers, eux-mêmes en grève ce jour-là contre leur propre employeur, la société Compass. Cerise sur le gâteau, un grand ponte venu s'installer à ce restaurant fut tellement hué qu'il dut plier bagage, bouteille d'eau sur les bras et gardes du corps à ses basques. L'après-midi encore, plusieurs techniciens arrêtaient une attraction quelques heures, le temps d'obtenir des explications sur les propositions de la direction.

Lundi 18, une minorité de grévistes de la Maintenance décidait en assemblée générale de continuer la grève. Rejoints par des grévistes venus d'une dizaine d'autres services, à 200 environ, ils ont maintenu leur mouvement toute la journée.

À l'assemblée générale de la Maintenance du mardi 19, il y avait encore cinquante salariés, qui ont tenu à affirmer: «On ne reprend pas, on fait une pause avant de remettre ça.» Et ils se raccompagnèrent mutuellement à leurs postes de travail.

Si les grévistes n'ont pas obtenu les 200 euros qu'ils réclamaient, ils ont popularisé cette revendication auprès du reste du personnel. Et ils ont fait l'expérience de la participation active à une grève conduite de manière démocratique. Pour la prochaine occasion, et il en viendra, ce sont des atouts importants.

Partager