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Leur société
Textile français : Après avoir «failli mourir», c’est la forme
«La situation est très grave», affirmaient en choeur Chirac, ses ministres et le président de l'Union des industries textiles, Guillaume Sarkozy, le frère de l'autre. C'était en avril 2005, et la presse nous rebattait elle aussi les oreilles sur les périls que faisaient prétendument courir au textile français les importations chinoises dont les quotas venaient d'être levés. Si rien n'était fait, nous rabâchait-on, le textile français allait mourir. Le gouvernement avait même obtenu le maintien par l'Union européenne de certains des quotas existants.
Alors, 18 mois après, où en est le «moribond»? Il est en pleine forme. En tout cas, le prêt-à-porter, dont le salon vient de se tenir à Paris, affiche sa bonne santé. En 2005, il a renoué avec une croissance soutenue (3,3%). Et au premier semestre 2006, ses exportations ont augmenté de 6% (12% par an). En jouant, disent-ils, la carte du «haut de gamme» -c'est-à-dire des prix forts... Ainsi, tel patron marseillais a doublé son chiffre d'affaires en augmentant ses prix de 30% en deux ans; telle «PME» de Honfleur vend ses chemisiers 300 euros pièce dans la boutique qu'elle vient d'ouvrir à Shanghaï, etc. Sans parler des ateliers clandestins qui se multiplient et font fabriquer ici même des vêtements dans des conditions du Tiers Monde, permettant à certains distributeurs d'améliorer discrètement leur marge.
Quant à Guillaume Sarkozy, qui s'était dit «fier d'être un patron industriel qui délocalise», son entreprise Tissage de Picardie a certes mis la clé sous la porte, mais lui s'est reclassé comme patron d'une société d'assurance.
Bref, les seuls qui auront vraiment fait les frais de la «crise» du textile français, ce sont les travailleurs, dont plusieurs centaines de milliers ont été licenciés depuis trente ans. Quant à la «mort» du textile français, c'était un mensonge cousu de fil blanc.