Sarkozy, Royal et l’immigration : La différence est mince06/09/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/09/une1988.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sarkozy, Royal et l’immigration : La différence est mince

Sarkozy ayant fait de la démagogie anti-immigrés son premier argument électoral, Ségolène Royal s'est positionnée sur ce terrain.

Face à Sarkozy qui proclame sa volonté de reconduites massives à la frontière de familles «sans papiers», y compris les enfants scolarisés, Ségolène Royal a dénoncé les «expulsions à grand spectacle». À propos de la situation des familles africaines de Cachan, elle a parlé «d'évacuation tapageuse». Elle s'oppose donc à Sarkozy sur la façon provocatrice et racoleuse, destinée à l'électorat réactionnaire, dont il met en scène sa «politique de l'immigration».

Mais, sur le fond, leurs propositions se ressemblent.

Sarkozy parle de «l'immigration choisie». Choisie par les patrons, évidemment, suivant les besoins de leur économie et pour le bien de leurs profits. Royal, elle, parle de «régularisation régulière en fonction des besoins de l'économie». La différence est bien mince, étant donné qu'il s'agit de la même «économie», c'est-à-dire des mêmes patrons. La candidate socialiste va même plus loin. Elle parle d'établir «des visas saisonniers durables, renouvelables automatiquement». Cela reviendrait à de l'intérim, avec retour automatique au pays, sans indemnité de chômage ni Sécurité sociale, entre deux missions.

Et tous deux parlent de «combattre l'immigration clandestine» en s'en prenant, d'une façon ou d'une autre, uniquement à des travailleurs qui cherchent tout simplement à vivre.

La presse relate pourtant régulièrement la façon dont des patrons sans vergogne emploient des dizaines de clandestins au vu et au su de tous, police comprise. Des syndicalistes, des inspecteurs du travail ont fait connaître les situations de clandestins travaillant, par le biais d'entreprises sous-traitantes, pour de grandes sociétés comme EDF, Alstom, Bouygues, etc. Des travailleurs en situation irrégulière se sont mis en grève pour faire valoir leurs droits dans des exploitations agricoles du Midi ou aux Chantiers de l'Atlantique, à Saint-Nazaire, qui dépendaient alors d'Alstom. Tout cela sans que jamais l'État ne s'en prenne aux exploiteurs autrement que symboliquement. Sur cette question, il y a accord entre Royal et Sarkozy pour ne rien voir, ne rien dire, ne rien faire. Et cet accord est édifiant sur la politique qu'ils envisagent, l'une ou l'autre, s'ils étaient élus.

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