Pénurie pour l’école publique Pain béni pour l’école catholique06/09/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/09/une1988.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pénurie pour l’école publique Pain béni pour l’école catholique

À l'occasion de la rentrée scolaire de cette année, l'augmentation de la fréquentation des établissements d'enseignement privé, catholiques pour l'essentiel, a été relevée par la presse.

Selon un de leurs responsables, les établissements catholiques auraient refusé environ 25000 demandes d'inscription d'enfants et les listes d'attente compteraient au moins trois jeunes par établissement. Sur un total de 12 millions de jeunes scolarisés, l'enseignement privé en compte environ deux millions, chiffre en progression régulière, bien que limitée par les capacités d'accueil du privé. Certains parents, ni particulièrement croyants ni spécialement fortunés, seraient de plus en plus nombreux à envoyer leurs enfants dans des établissements privés, où ils espèrent trouver de meilleures conditions d'enseignement que dans le public.

Une telle situation n'est possible que parce que les gouvernements successifs, depuis des années, privent de moyens l'enseignement public, alors qu'ils ne manquent ni de générosité financière ni de complaisance vis-à-vis de l'enseignement privé. D'un côté, le manque d'enseignants, les classes surchargées, la pénurie d'équipements, etc. De l'autre, des subventions à l'enseignement privé et un personnel rémunéré par l'État -du moins pour tous les établissements sous contrat, et ils sont les plus nombreux. Et cela, alors que les établissements privés ne sont liés par aucune obligation et peuvent sélectionner les élèves, écarter les cas difficiles, renvoyer et refuser sans contrainte les jeunes qu'ils jugent inopportuns.

En revanche, dans le cadre de la scolarité obligatoire, les établissements publics sont tenus d'accueillir tous les enfants, sans exclusive. Et c'est normal. Mais pour faire face à cette responsabilité dans les meilleures conditions, en particulier pour réussir à scolariser les jeunes qui viennent de milieux défavorisés, ne parlant parfois pas le français, et pour permettre à tous les enfants de progresser ensemble correctement, il faudrait des moyens considérables. Comment un enseignant peut-il faire face à une classe dont les enfants sont d'une dizaine de nationalités différentes? Ce n'est qu'un exemple d'une situation pas si rare, à laquelle il n'est possible de répondre qu'avec des enseignants nombreux, des classes à effectif réduit, bref des moyens en suffisance. Si les gouvernements passés et présents étaient responsables vis-à-vis des jeunes générations, s'ils se préoccupaient sincèrement de l'avenir de ces jeunes, ils répondraient aux demandes des parents comme des responsables d'établissements scolaires, qui dénoncent le manque de moyens, de professeurs, de personnel d'encadrement, de locaux, etc., dans l'enseignement public.

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