Le gouvernement au patronat : Que je t’aime, que je t’aime...06/09/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/09/une1988.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Le gouvernement au patronat : Que je t’aime, que je t’aime...

Le gouvernement sait que le mécontentement grandit parmi les travailleurs, face à des salaires, pensions et indemnités de chômage toujours plus maigres. Il sait que certains utiliseront le bulletin de vote comme carton rouge, aux prochaines présidentielle et législatives de 2007. À moins que la colère n'éclate avant. De Villepin n'a pas oublié les mésaventures de feu son CPE et en garde quelque crainte. Lui et son compère Borloo viennent donc d'annoncer quelques mesures soi-disant destinées à favoriser le pouvoir d'achat des plus «modestes». Ils les présentent comme «nouvelles» et «sociales». Parlons-en!

Première mesure: la création d'un «chèque transport» au 1er janvier 2007 qui prétend atténuer les effets de la hausse des carburants. Mais primo son montant de 100 ou 200euros par an ne représente pas plus de 2 ou 3 pleins d'essence, deuxio les patrons ne seront pas obligés de le donner et les syndicats devront aller palabrer et quémander, tercio elle sera financée pour moitié par l'État sous la forme d'exonérations de charges sociales pour l'employeur. La compensation repose donc sur le budget public (nos impôts!). Le gouvernement fait donc bien une fleur... mais au patronat!

Deuxième mesure: l'augmentation de la prime pour l'emploi. Cette prime annuelle versée par l'État, sous forme de crédit d'impôt, aux salariés qui ne gagnent qu'entre 0,3 et 1,4 fois le Smic, concerne 9 millions de ménages. Son montant passerait, pour un célibataire au Smic, de 714 à 940 euros. «Presque un 13emois pour ceux qui sont au Smic», se glorifie Villepin qui, lui et bon nombre de ses semblables des beaux quartiers, gagnent vingt fois plus avec transports gratuits. À noter que cette prime avait été créée en 2001 par Jospin pour encourager à garder ou prendre un emploi, tellement la différence était minime entre les bas salaires et les allocations chômage ou le RMI. Mais si le nombre de chômeurs recensés officiellement avoisine toujours les 3millions, six ans plus tard, avec ce que cela signifie de baisse de revenus, de misère et de précarité pour les familles populaires, la forte hausse du nombre des salariés bénéficiaires de la prime a fait doubler et passer à 4,2milliards d'euros la somme payée par l'État. Gouvernements de gauche comme de droite se sont donc relayés pour débourser afin que les patrons maintiennent des salaires au plus bas et continuent à gonfler ainsi leurs profits. Et l'augmentation de la prime, bienvenue pour ceux qui gagnent moins de 1000 euros par mois, est loin de compenser l'augmentation des prix. La privatisation prévue de GDF dans le cadre de la fusion avec Suez est de nature à faire flamber les prix du gaz, après ceux de l'électricité, ceux des loyers, ceux des produits d'alimentation frais, ceux des fournitures scolaires...

Troisième mesure: la suppression de toute cotisation de sécurité sociale patronale sur les salaires au Smic ou moins, pour les entreprises de moins de 20 salariés. Cela inciterait les petits patrons à embaucher? Belle blague! Mais cela va surtout les encourager à ne pas payer plus que le Smic, pour rester gagnants au jackpot. La multiplication de ce genre de mesures, depuis des années, fait que le coût des exonérations de cotisations a été multiplié par 10 en 10 ans, passant de 2 à 24 milliards en 2006. C'est ainsi que le quart des dépenses publiques soi-disant «pour l'emploi»... file dans les caisses du patronat (qui n'a jamais autant licencié que ces dernières années).

Les écoles, les hôpitaux, les transports en commun attendent... mais les profits continuent à grimper, les riches à s'enrichir et «certains très hauts salaires à être déconnectés de toute réalité». C'est Villepin qui le dit et évoque «un malaise»!

Ouais, y'a comme un malaise... Il ne dépend que des travailleurs, de nous tous, de gripper cette machine infernale et de mettre fermement à l'ordre du jour notre programme d'interdiction des licenciements, d'embauches massives dans les services publics et d'augmentation substantielle et générale des salaires (1500euros minimum et 300euros d'augmentation pour tous). Dans les entreprises et dans la rue.

Car ce n'est ni dans leurs salons ni dans leurs bureaux de vote que nous arracherons satisfaction.

Éditorial des bulletins d'entreprise L'Étincelle publiés par la Fraction du Lundi 4 septembre

Convergences Révolutionnaires n° 46 (juillet-août 2006)

Bimestriel publié par la Fraction

Dossier: Afghanistan, Irak, Iran, Somalie... l'islamisme face à l'impérialisme: Ennemis irréductibles ou futurs partenaires.

Articles: En marge du 48e congrès de la CGT: naissance d'une opposition? - La Poste: un syndicalisme bien tempéré - Les 35 heures renégociées à Disney: un vol de temps, de salaire et d'emplois - Belgique: l'extrême droite gonfle, la gauche se dégonfle -Brésil: le congrès de Conlutas - Bolivie: une tribune de la LOR-CI (FTQI).

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