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Leur société
Bayrou cherche à faire son trou
Depuis quelques mois, Bayrou cherche la bonne posture pour se démarquer de la majorité UMP... qu'il avait soutenue sans défaillance pendant quatre ans. Il va, dit-il, voter contre la fusion entre GDF et Suez. Tout récemment, histoire de se donner un profil social, il a fustigé la «multiplication des avantages fiscaux et les baisses d'impôt» favorables aux plus riches. Il a même égratigné Sarkozy, en évoquant les liens d'amitié de ce dernier avec des hommes comme Bouygues, Lagardère et Dassault, et en insinuant que ceux-ci n'étaient pas forcément sans rapport avec le traitement de faveur dont il bénéficiait sur les chaînes de télé que possèdent ces hommes d'affaires.
Mais ces piques n'empêchent pas Bayrou de proclamer comme Sarkozy que «chacun doit être libre de travailler plus», et de rester, sous l'éternel prétexte de lutter contre le chômage, un fervent défenseur des baisses de charges sociales, proposant même de donner à chaque entreprise la possibilité de créer deux emplois qui en seraient totalement exonérés.
Bayrou s'efforce d'apparaître comme un rassembleur, un «centre» autour duquel pourraient se recomposer la droite et la gauche parlementaires. Candidat à la présidentielle, il se propose, a -t-il déclaré lors de son intervention à l'université d'été de l'UDF, de «constituer un gouvernement d'ouverture, une majorité nouvelle» composé d'hommes de droite comme lui et d'hommes de gauche comme Strauss-Kahn et quelques autres, car le drame d'après lui est que «des gens qui partagent exactement les mêmes valeurs» ne puissent travailler ensemble. Sur le fond, quand il affirme que peu de choses séparent la droite et le Parti Socialiste, il n'a pas tort. Une alliance de cette droite et de la gauche parlementaire ne serait pas contre nature. Elle ne prouverait pas que Bayrou serait devenu un «homme de gauche». Si les discours actuels de Bayrou et des leaders du PS sont en grande partie interchangeables, c'est eux que cela juge.
Mais tout le système politique français étant marqué par un bipartisme de fait, qui permet l'alternance quand un camp a subi l'usure du pouvoir, et qui convient tout à fait à la bourgeoisie, le rassemblement que le leader de l'UDF propose apparaît surtout destiné à faire monter sa cote personnelle.