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Leur société
Amiante : Alstom condamnée pour la mise en danger de ses salariés
Le lundi 4 septembre, le tribunal correctionnel de Lille a rendu son jugement sur la plainte de cent cinquante anciens salariés d'Alstom Power Boilers (ex-Stein Industrie) de Lys-lez-Lannoy (Nord) contre l'entreprise et son directeur pour les avoir exposés à l'amiante après l'interdiction de son utilisation, de 1998 à 2001. Alstom a été condamnée à la peine maximale prévue par le code pénal pour «mise en danger de la vie d'autrui»: 75000 euros. L'entreprise devra payer 10000 euros de dommages et intérêts à chacun des anciens salariés qui ont porté plainte. Le directeur a été condamné, lui, à neuf mois de prison avec sursis et 3000 euros d'amende. Mais la procédure n'est peut-être pas terminée car l'avocat d'Alstom a annoncé l'intention du directeur de faire appel.
Lors des audiences du procès, en mai dernier, les représentants d'Alstom avaient nié en bloc. Ils avaient affirmé que tout avait été fait pour assurer la sécurité. Mais les témoignages des salariés et de l'inspectrice du travail avaient démontré que l'amiante avait été utilisé partout et respiré par les travailleurs, avant et après l'interdiction de l'utilisation de l'amiante en 1997, dans cette entreprise spécialisée dans la construction de chaudières industrielles, de centrales thermiques et d'éléments de centrales nucléaires.
Ainsi quand l'usine a été désamiantée en 2002, après avoir été vendue et fermée, ce sont plusieurs dizaines de tonnes d'amiante qui ont été retirées du site. Dix salariés de l'usine sont morts d'un cancer de l'amiante et plus de quatre-vingts sont malades, sans compter tous ceux dont l'association des salariés a perdu la trace.
L'énoncé du jugement a été accueilli avec satisfaction par les victimes d'Alstom qui y voient, après des années de lutte, la reconnaissance de leurs souffrances et surtout de la culpabilité des patrons.
Et ce qui est nouveau, et qui pourrait servir de pression sur les employeurs si toutefois les juridictions d'appel ne venaient pas le remettre en cause, c'est qu'une entreprise ait été condamnée à indemniser tous les salariés qui se plaignent d'avoir vu leur santé mise en danger, qu'ils aient été ou pas atteints directement par une maladie professionnelle suite à cela. Jusqu'ici on indemnisait, parfois, les victimes qui faisaient la preuve de leur préjudice, mais quasiment jamais préventivement les salariés qui risquaient d'être atteints suite aux négligences criminelles des employeurs.
En tous les cas, des millions de salariés ont pu voir, pour une fois, avec satisfaction un dirigeant d'entreprise partir dépité suite à une condamnation tout à fait justifiée. Et cela ne peut qu'encourager tous les salariés à exiger de ne plus être les victimes des économies délibérées sur la sécurité faites par les patrons.