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Dans le monde
Chili : Grève des mineurs pour les salaires
Les travailleurs de la plus grande mine de cuivre privée du monde, la mine d'Escondida, située à 1400km au nord de Santiago, étaient en grève le 26 août encore, une grève commencée dix-huit jours auparavant, pour une augmentation des salaires et des primes.
Le 7 août en effet, 2052 travailleurs, sur un total de 2800 que compte la mine (sans parler des travailleurs des entreprises sous-traitantes), syndiqués à 82%, décidèrent de se mettre en grève le lendemain. Depuis le 8août, les grévistes ont multiplié les actions, comme le barrage de certaines routes et des manifestations.
La mine de cuivre d'Escondida, qui est contrôlée à 57% par un groupe anglo-australien, BHP Billiton, représente 8% de la production mondiale et 23,5% de la production nationale de cuivre, principale richesse du pays. Le cours de ce métal a été multiplié par trois en trois ans, et les bénéfices du groupe s'élèvent, pour le premier semestre 2006, à près de 3milliards de dollars, soit une augmentation de 211% par rapport à l'année dernière au même moment. Mercredi 23 août, le groupe annonçait un bénéfice net record de plus de 10 milliards de dollars pour l'exercice 2005-2006 (dont 2,6 milliards pour la mine d'Escondida)!
Les travailleurs n'ont pas été augmentés depuis 2003. Le syndicat réclamait au début de la grève une augmentation de 13% (alors que la direction ne proposait que 3%), ainsi qu'une prime pour un montant avoisinant les 24000 euros. Les 19 et 20 août, le syndicat en était à maintenir la revendication d'une augmentation de 8% des salaires et de l'équivalent de 15000 euros de primes, la direction de la mine, elle, n'acceptant pas plus de 4% d'augmentation de salaire et proposant que les contrats collectifs qui fixent les salaires soient valables quatre ans au lieu des deux ans et demi actuels, ce qui est un moyen de se prémunir contre d'autres augmentations.
La direction d'Escondida n'a cessé de répéter que les salaires des mineurs sont déjà bien assez élevés, surtout par rapport à ceux des autres travailleurs chiliens, puisqu'ils dépasseraient le million et demi de pesos (soit plus de 2000euros par mois). La presse, le journal le Mercurio en particulier, a relayé cette propagande contre les grévistes en insistant sur ce fait que les salaires des mineurs d'Escondida sont les plus hauts du Chili. Mais les travailleurs expliquent, eux, que leurs salaires de base tournent autour de 550000 pesos (un peu plus de 800euros par mois) et ne dépassent le million de pesos qu'avec les primes, qui sont variables.
La direction semblait, suite à la dernière entrevue avec le syndicat, vouloir rester ferme sur ses positions. Elle mise sans doute sur le fait qu'elle peut, au bout de quinze jours de grève, négocier légalement avec les travailleurs individuellement et non plus avec le seul syndicat, ce qui ouvre bien entendu les possibilités de toute sortes de pressions. De plus, elle peut également, toujours selon la loi en vigueur au Chili, faire appel au bout de ces quinze jours de grève à d'autres travailleurs pour remplacer les grévistes.
D'autre part, dans les autres mines du pays, privées ou publiques, comme celles du groupe public Codelco, doivent se dérouler bientôt des négociations sur les contrats collectifs entre direction et syndicats qui concerneront des milliers de travailleurs. Les patrons ne veulent certainement pas que la grève des mineurs d'Escondida encourage les autres à suivre leur exemple.