Ce sont les profits qui sont la cause des bas salaires et du chômage31/08/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/09/une1987.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Ce sont les profits qui sont la cause des bas salaires et du chômage

La plupart des commentateurs ont surtout retenu les larmes et le ton pathétique de Jospin lors de l'université d'été du Parti Socialiste à La Rochelle. Pourtant les larmes n'effaçaient pas le contenu. En effet, l'ancien Premier ministre n'a rien renié du bilan de son gouvernement qui constituerait, a-t-il dit, «un socle sur lequel s'appuyer» sous-entendu pour la ou les candidats du PS.

Par contre sur les raisons qui ont amené deux millions et demi d'électeurs du PS à refuser de voter pour lui en 2002, il ne s'est même pas interrogé. S'il a fait des erreurs, a-t-il concédé, c'est sur la forme, lorsqu'il a dit à l'époque que son projet n'était pas «socialiste». Mais ce n'est pas d'avoir dit cela, c'est-à-dire la vérité, qui a conduit deux millions et demi d'électeurs populaires à ne plus voter pour lui en 2002, ce serait plus vraisemblablement d'avoir mené une politique à l'encontre des intérêts de la population laborieuse.

En fait il a manifesté un autre regret: ne pas avoir procédé, sur le conseil des autres dirigeants du PS, suivez son regard vers Hollande, à la «réforme des retraites». Réforme dont la droite n'a plus eu qu'à appliquer le dossier tout préparé. Cette «réforme», en réalité une amputation des retraites des seuls travailleurs salariés, venant après la «réforme» Balladur, a de nouveau considérablement baissé le niveau de vie des travailleurs qui sont partis à la retraite après sa mise en oeuvre.

On se demande vraiment combien d'électeurs supplémentaires Jospin aurait perdu si, au lieu de s'être contenté de préparer cette réforme, il l'avait mise en application.

Mais Jospin ne dépare pas la cohorte des différents postulants à l'investiture du Parti Socialiste pour l'élection présidentielle de 2007. Par exemple, ils se réfèrent tous à une plate-forme qui propose de porter le smic de 1 500 euros d'ici 2012... niveau qu'il atteindra d'ici là quasiment automatiquement de toute manière. Seul Fabius a considéré qu'il devait, pour son image, faire un pas à gauche. Alors il en a rajouté un peu en déclarant qu'il s'engageait, s'il était élu, à augmenter immédiatement le smic de 100 euros par mois. Mesure cependant accompagnée de nouvelles baisses de cotisations sociales pour le patronat. Fabius veut bien faire un pas à gauche, mais il ne faudrait pas exagérer! Il promet une augmentation du smic bien insuffisante par rapport au recul du pouvoir d'achat des travailleurs. Un recul manifeste, ne serait-ce qu'en ne tenant compte que des augmentations du gaz et de l'électricité, des transports, du prix des fruits et légumes, même en pleine saison, et surtout des loyers.

De l'autre côté les dégrèvements de cotisations sociales qu'il promet aux patrons se traduiraient nécessairement par une baisse des rentrées de la Sécurité sociale avec à terme, et n'en doutons pas très rapidement, de nouvelles baisses des remboursements, une nouvelle «réforme» amputant les retraites et les indemnités de chômage. Ce serait donner, un peu, d'une main et reprendre, beaucoup, des deux mains.

Le gouvernement n'agit pas autrement. La droite, qui depuis quatre ans mène cyniquement une politique de régression sociale sous les ordres du patronat auquel elle sacrifie son crédit électoral, essaie actuellement, peut-être trop tardivement, de ne plus être le meilleur agent électoral, et peut-être le seul, du Parti Socialiste, qui n'a rien dans son programme, sauf quelques semblants de promesses sans précision aucune, en faveur du «peuple de gauche».

Le gouvernement envisagerait donc, non pas de relever les bas salaires, ce qui léserait les profits du patronat, mais d'augmenter la «prime pour l'emploi» versée par l'État aux bas salaires depuis 2001 (c'était une création de Jospin et de Fabius). Mais cela aussi revient à faire un trou dans le budget de l'État, que l'on comblera comme d'habitude par une diminution des crédits à ceux des services publics qui sont les plus utiles à la population: transports, hôpitaux, éducation nationale, construction de logements à loyers modérés.

Ce que les dirigeants de la droite et ceux de la gauche ont en commun, les premiers cyniquement, les seconds hypocritement, c'est de ne pas vouloir s'en prendre aux profits patronaux.

C'est dire que si nous voulons changer notre sort, ce n'est pas sur le résultat des élections de 2007 qu'il faut compter. Et puisque nous sommes à la veille de ce que l'on appelle la «rentrée sociale», ce serait le moment, pour les directions des confédérations syndicales qui prétendent défendre les travailleurs, de nous dire ce qu'elles comptent faire pour organiser la riposte qui s'impose face à l'offensive que mène contre le monde du travail, grâce au chômage entretenu, le grand patronat avec l'appui de gouvernements aux ordres.

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