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Leur société
Logement : Les gouvernants ne savent loger que les riches
Les expulsions de logements insalubres ainsi que l'incendie meurtrier d'un immeuble à Roubaix rappellent une nouvelle fois la situation catastrophique du logement des familles populaires, des travailleurs pauvres, qu'ils soient immigrés ou non, qui ne trouvent pas à se loger correctement tant les niveaux des loyers sont devenus insupportables pour les revenus les plus modestes.
Pourtant, il existe, à Paris et dans toutes les grandes villes du pays, de nombreux logements vacants -souvent parce que leurs propriétaires en demandent trop cher- où l'on pourrait loger correctement nombre de ceux qui ont besoin d'un toit. Mais les autorités ont le plus grand respect pour la sacro-sainte propriété privée, et il n'est pas question pour elles d'obliger un propriétaire privé de louer son logement, et encore moins de le louer à bas prix.
Les pouvoirs publics se gardent d'agir dans un sens qui irait contre les intérêts des propriétaires, des loueurs, des promoteurs privés.
La résorption de l'habitat insalubre dans les grandes villes a été, depuis des années, au programme tant des gouvernements de gauche que des gouvernements de droite qui se sont succédé. On a bien démoli quelques tours HLM de banlieues dans des quartiers à l'abandon. Mais côté construction, rien de sérieux par rapport aux besoins n'a été fait.
Les encouragements aux marchands de sommeil sont notoires. Ce sont les services sociaux officiels qui envoient des familles dans des hôtels meublés où les chambres au confort précaire sont payées au prix fort. À Roubaix, il a fallu la mort de six personnes et les blessures d'une dizaine d'autres dans le récent incendie pour que le marchand de sommeil propriétaire des meublés soit placé en garde à vue. Et combien d'autres margoulins louent à des tarifs usuraires des chambres sans confort, sans sécurité, aux plus démunies des familles populaires?
À Paris, un an après les incendies meurtriers de l'été 2005, 148hôtels dits sociaux sont officiellement classés dangereux et à rénover. Et il y a des milliers de sans-logis à la rue. La mairie de Paris vient d'annoncer une nouvelle fois et pour la sixième année consécutive qu'il faut qu'elle fasse un effort de construction de logements sociaux car plus de 100000 personnes restent en attente sur les listes de demandes de HLM.
Mais dans le même temps, on apprend par exemple que les travaux de transformation de l'ancien hôpital Laennec, situé en plein coeur de Paris, dans le très coté 7earrondissement, doivent commencer en septembre. Pour construire quoi? Si le projet comprend une poignée de logements sociaux, il prévoit surtout une quantité de bureaux et d'appartements de prestige. Au début des années 2000, 19000m² de l'hôpital ont été vendus par son propriétaire, l'Assistance-Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), pour une bouchée de pain (80,8 millions d'euros) au richissime promoteur immobilier privé, Cogedim. À l'époque de la vente, la gauche était au gouvernement et avait son mot à dire quant à ce que faisait l'AP-HP. Les bâtiments et les jardins de l'hôpital Laennec auraient très bien pu servir à aménager un ensemble de logements populaires et de qualité, mais les promoteurs y auraient gagné beaucoup moins.
La volonté exprimée de résoudre la crise du logement et de faire disparaître les logements insalubres n'est qu'un discours hypocrite de ministre, qu'il s'appelle aujourd'hui Borloo ou hier Besson.
Lucienne PLAIN
À Paris, deux palaces ouvriront bientôt leurs portes, l'un avenue GeorgeV, l'autre place Iéna. Cela portera à huit le nombre d'hôtels de grand luxe dans la capitale, soit un total de 1064 chambres et suites, qui ne désemplissent jamais... malgré les prix: impossible d'y trouver une chambre à moins de 500euros la nuit. Au Ritz, place Vendôme, une chambre est proposée au prix modeste de 680euros la nuit; au Crillon, place de la Concorde, une suite est facturée 8200 euros.
Ces palaces affichant toujours «complet», la crise du logement imposait que deux nouveaux viennent élargir l'offre!