Thiers (Puy-de-Dôme) : Carton rouge pour les licencieurs21/07/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/07/une1981.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Thiers (Puy-de-Dôme) : Carton rouge pour les licencieurs

Voilà un an que les travailleurs de chez Dapta, une usine de décolletage, la plus importante du bassin thiernois par son nombre de salariés (470), apprenaient que la direction du groupe dont ils font partie, Eurodec, voulait supprimer au moins une centaine d'emplois. Ce groupe est lui-même détenu par l'USB (Union des Banques Suisses) qui contrôlait encore en 2005 quatorze entreprises du groupe Eurodec, dont onze en France.

À cette annonce, les travailleurs se mettaient en grève et, le jeudi 23 juin 2005, ils retenaient dès son arrivée à l'usine le directeur du site dans son bureau. La présidente du directoire était alors dépêchée sur les lieux et tentait de rassurer les salariés de Dapta. Il n'y aurait, prétendait-elle alors, que 100 suppressions d'emplois au volontariat... Mais chacun voyait les carnets de commande des équipementiers comme Bosch à Lyon, ou des constructeurs automobiles comme Renault, diminuer ou disparaître. Lorsqu'une réunion extraordinaire du Comité d'entreprise de Dapta était convoquée pour le lundi 30 janvier 2006, les travailleurs se mettaient de nouveau en grève et les organisations syndicales exigeaient que la réunion se tienne à la sous-préfecture de Thiers. C'est alors que les ouvriers apprenaient que l'usine Dapta était classée en cessation de paiement par la direction d'Eurodec. La présidente du directoire d'Eurodec prétendait alors que le site de Dapta «n'était viable qu'avec 300 personnes, mais pas au-delà» et qu'Eurodec «ne mettrait plus un sou dans Dapta». Le 2 février, le tribunal de commerce de Thiers plaçait l'entreprise en redressement judiciaire pour six mois et un administrateur provisoire était nommé. Pour les ouvriers, ce n'était pas vraiment une surprise, mais la colère et l'inquiétude étaient profondes.

Quelques semaines après, le journal Les Échos annonçait dans ses colonnes «la mise en vente d'une usine spécialisée dans le décolletage employant 400 personnes dans la région de Thiers», mais aucun repreneur ne s'est encore présenté, à quelques jours du 2 août, délai fixé par le tribunal. Les travailleurs sont assurés d'être payés jusqu'en août, mais après? Aussi, le 27 juin dernier, une centaine de travailleurs profitaient-ils de la réunion du comité de direction au siège d'Eurodec à Chambon-Fougerolles dans la Loire, pour retenir les directeurs des différents sites présents avec la présidente du directoire. Ils exigeaient le paiement par le groupe des 2 millions d'euros de passif laissés à la charge de Dapta. Le journal La Montagne titrait alors sur «le coup de force des salariés». Mais qui fait le coup de force contre les salariés?

Les travailleurs ont raison d'exiger cet argent car l'argent du déficit ne s'est pas volatilisé pour tout le monde. Le passif de 2 millions d'euros représente environ deux mois de salaire de l'ensemble des salariés de Dapta, charges comprises. Et toutes les ombres sur la gestion de l'entreprise, comme sur la vente des copeaux, qu'en est-il exactement? Pour savoir où sont passées les richesses créées depuis des années par les travailleurs de Dapta, il faudrait exiger la levée du secret commercial et bancaire, qui permet aux actionnaires de les dissimuler, de transformer les gains en déficit selon leur convenance, cela afin que les salariés puissent retrouver leur dû.

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