Louis Gallois, le nouveau patron d'EADS, a annoncé le 13 juillet dernier ce qu'il considère comme «le meilleur projet possible pour les salariés et l'avenir industriel du site de Sogerma Mérignac». Mais c'est surtout le meilleur projet pour les bénéfices d'EADS car, pour les salariés, le plan de Gallois, c'est en premier lieu la suppression d'environ 860 des 1050 emplois EADS. EADS ne conserverait sur le site de Mérignac que les 150 emplois liés à la fabrication des ailes des avions ATR et le siège social de sa filiale. Les patrons d'EADS réalisent ainsi ce qu'ils avaient annoncé en mai dernier: se séparer des activités de maintenance aéronautique, secteur qu'ils considèrent comme pas assez profitable et dont ils ont fabriqué le déficit de toutes pièces pour mieux en justifier la fermeture.

Sur les 860 emplois supprimés, une centaine serait le fait de départs en préretraite et 500 salariés seraient repris, sous condition, à partir d'octobre par TAT-Sabena Technics, entreprise spécialisée dans le rachat d'activités de maintenance aéronautique. Environ 260 travailleurs n'auraient pour garder leur emploi et leur salaire que la solution d'accepter des mutations à Marignane, près de Marseille, à Eurocopter ou à Airbus Toulouse.

Quant au repreneur TAT, il soulève des inquiétudes chez les salariés qui ne seraient pas mutés, car TAT ne s'est engagé à rien sur l'avenir. Sauf à vouloir revoir d'ores et déjà à la baisse les conditions de travail et de salaire des 500 travailleurs repris, en en faisant une condition de cette reprise. Gallois a en effet déclaré aux salariés de l'usine et à la presse: «La viabilité [de la reprise par TAT] suppose que les salariés de Mérignac fassent des efforts. Leur statut fait partie des plus avantageux au sein du groupe EADS. Les coûts horaires de la Sogerma sont actuellement supérieurs à ceux de la concurrence française. [...] Ce type de situation constitue un handicap important. Une négociation va s'engager sur ce sujet et c'est la contrepartie du maintien des 500 emplois»! Gallois veut nous faire croire que TAT n'aurait pas les moyens de payer les salaires EADS des travailleurs de la Sogerma... en passant sous silence le fait qu'EADS en a largement les moyens: ce groupe a fait 1,7 milliard d'euros de bénéfices pour la seule année 2005! Mais, pour Gallois, les efforts sont pour les travailleurs et les bénéfices pour les actionnaires.

Alors «le meilleur projet possible pour les salariés», ce n'est ni les mutations forcées, ni les suppressions d'emplois, ni le chantage fait aux travailleurs pour qu'ils acceptent de perdre du salaire. C'est prendre sur les bénéfices d'EADS, sur les fortunes accumulées par les actionnaires comme Lagardère, pour maintenir à Mérignac tous les emplois et tous les salaires!