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- Lutte ouvrière n°1981
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Dans les entreprises
SNR-Roulements, Agglomération d’Annecy (Haute-Savoie) : Renault veut passer en force à la veille des congés
C'est donc le jeudi 20 juillet (veille du départ en congés pour une grande partie du personnel) que le Comité d'entreprise de SNR aura à se prononcer sur un «projet de partenariat entre la société NTN et SNR Roulements». L'avis que donnera le CE n'est bien sûr que consultatif et fait partie des «formalités», l'opération n'étant effective qu'au quatrième trimestre 2006, après examen par la commission européenne de la concurrence.
En fait, il s'agit d'une vente pure et simple, de la part de Renault, au trust japonais NTN, de sa filiale de production de roulements. Tout le reste n'est qu'un «habillage» de Renault pour tenter de rassurer le personnel (toutes catégories confondues) qui depuis septembre dernier a, à plusieurs reprises, démontré sa méfiance et son opposition à ce projet dont tout le monde se doute qu'à plus ou moins long terme il implique des suppressions d'emplois.
Dans le projet présenté, Renault resterait actionnaire majoritaire pendant un an, en ouvrant le capital à NTN à hauteur de 35%. Pour les deux années suivantes la proportion passera à 51% pour NTN. Par la suite, «NTN ne pourra pas obliger Renault à descendre en dessous de 20%»... mais rien n'obligera Renault à rester! Et surtout Renault a le culot d'écrire qu'il gardera, quand NTN sera majoritaire, un «droit de veto» sur toutes décisions impliquant des remises en cause du statut du personnel et des licenciements économiques!
Voilà donc le grand chevalier blanc Renault grand défenseur des travailleurs! Lui qui, depuis soixante ans qu'il est propriétaire à 100% de SNR, n'a pas trouvé le moyen d'accorder le statut Renault aux salariés de SNR, ni même d'y maintenir les emplois, lui qui a également imposé la création récente d'une usine SNR en Roumanie pour y délocaliser progressivement des productions, avec comme résultat que les ateliers d'Annecy et Seynod se vident. Tout cela pour faire encore plus de profits, en faisant baisser les coûts des roulements montés sur les véhicules Renault!
Tout le reste du projet est de la même eau: des phrases soigneusement choisies et alambiquées pour tenter de faire illusion, mais sans aucune garantie concrète sur l'avenir des 3000 salariés des sites de Haute-Savoie ou de ceux d'Alès dans le Gard.
On peut même également affirmer que l'avenir du seul site de production que possède aujourd'hui NTN en Europe (une petite usine en Allemagne) sera directement remis en cause par l'accord!
De toute façon, le document remis aux syndicats pour avis n'est que la partie visible de l'accord Renault-NTN, car le texte lui-même a été refusé aux délégués qui l'exigeaient! Secret des affaires! Même le prix que Renault compte réaliser dans cette vente est sous le sceau du secret: touchez pas au grisbi... Les délégués ont juste eu droit à s'entendre répondre que la somme sera extrêmement significative! On s'en doutait, Renault pourra toujours disposer d'un peu plus de cash pour ses opérations financières, style alliance avec General Motors!
Une fois de plus, on voit bien qu'il est grand temps d'en finir avec tous les secrets bancaires, commerciaux, qui protègent les patrons et dissimulent les mauvais coups contre les travailleurs.
Les travailleurs de la SNR, en débrayant le 4 juillet dernier et encore le 19 la veille du CE, ont démontré non seulement qu'ils ne sont pas dupes de toutes ses manoeuvres, mais qu'il faudra encore compter avec eux pour la période future, et ce, quel que soit leur patron.